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ESSAIS, CONSEILS, NOUVEAUTÉS

Thierry Bolle, président de l’UPSA Genève

« Sans alternative, cela s’appelle de la contrainte »

19 Avr 2023 | Divers

Sujet brûlant et récurrent à Genève, la mobilité en ville n’a de cesse de se voir entravée par des décisions prises à l’emporte-pièce. Au travers de l’UPSA Genève et de son président Thierry Bolle, les professionnels genevois de la mobilité appellent de leurs vœux d’être consultés lors des discussions politiques liées à la mobilité.

Les acteurs de la mobilité à Genève, dont la section locale de leurs faîtières – ACS, ASTAG, TCS, UPSA, AGET, NODE et Carrosserie suisse – sont réunis dans l’association RouteGenève, rassemblant environ 150 000 adhérents et 250 entreprises. Thierry Bolle, président de l’UPSA Genève et membre du Comité de RouteGenève, nous expose les doléances des professionnels de la mobilité à l’aube du renouvellement des autorités cantonales.

– Thierry Bolle, la mobilité est un sujet sensible à Genève…
– Oui. Ce que nous regrettons est la stigmatisation de l’automobile à Genève. Aucune décision liée au trafic motorisé n’est pensée, mesurée, pesée. Nous comprenons les enjeux et que la situation actuelle doit changer. Mais cette transition doit se faire de manière réfléchie, sans mettre la charrue avant les bœufs. A l’UPSA comme auprès des autres faîtières représentées dans RouteGenève, nous sommes ouverts au changement.

– Où est-ce que le bât blesse principalement?
– La politique impose ses changements dans la mobilité sans proposer de solutions alternatives. Nous pouvons entendre que le souhait est de ne plus avoir de voitures au centre-ville de Genève, ou moins, ou différemment. Mais sans alternative, cela s’appelle de la contrainte.

– Quelles seraient ces alternatives?
– En premier, la Traversée du lac. Il est impératif que les Genevois, qui ont voté en faveur d’une telle traversée, aient une vraie possibilité de circuler autour de la ville. Si vous habitez sur la Rive gauche et souhaitez vous rendre dans le canton de Vaud, vous n’avez pas d’autre solution que passer par le pont du Mont-Blanc. Et avec les restrictions de vitesse, de sens et voies de circulation, cela relève du parcours du combattant.

– Voyez-vous la limitation de vitesse à 30 km/h aussi comme une contrainte?
– Oui et non. Nous sommes en faveur de la limitation à 30 km/h dans les quartiers où il y a une forte concentration d’habitants, des piétons et des rues étroites. En revanche, sur les «pénétrantes» ou axes structurants qui traversent Genève, la vitesse devrait être maintenue à 50 km/h.

– La planification des travaux en ville manque aussi de coordination, non?
– Il n’y a pas de bon sens dans les projets, mais également dans leur réalisation. On n’a pas encore fini d’entendre parler des travaux autour de la Gare Cornavin; il y a fort à parier que la Rue des Alpes sera aussi fermée pour travaux sous peu, ceux du tram autour de la Place des Nations promettent aussi leur lot de perturbations. Il n’y a pas de planification sérieuse de ces chantiers sur ces axes importants.

– Et qu’en est-t-il de l’aménagement de la Moyenne ceinture autour de Genève?
– La Moyenne ceinture est promise comme LA solution à la fluidité du trafic genevois. Je n’y crois pas une seconde. Regardez le pont de Lancy, c’est un bouchon permanent depuis des années. Oui, il faut faire évoluer la mobilité à Genève, mais de manière cohérente.

– Comment expliquez-vous qu’on en soit arrivé à un tel capharnaüm?
– J’ai le sentiment que Genève veut apparaître comme la première de classe, peu importe les conséquences. L’échec cinglant de la vignette Stick’Air en est un bel exemple. C’est une course inutile car la mobilité concerne les privés, mais aussi les professionnels qui sont de plus en plus empêchés dans leur activité. C’est pour cela aussi que RouteGenève existe, afin de rassembler tous les usagers de la mobilité sous une seule bannière et de proposer ensemble des solutions cohérentes aux autorités.

– De quelle manière êtes-vous intégrés dans les décisions autour de la mobilité?
– J’ai le sentiment de prêcher dans le désert; nous ne sommes pas écoutés. A mes yeux, si vous êtes un dirigeant politique et souhaitez travailler un sujet pour l’améliorer, vous vous mettez autour de la table avec les professionnels du domaine ou les gens directement concernés. Ceci afin d’avancer de manière constructive et cohérente, qui puisse convenir à une majorité de Genevois. Or ce n’est pas le cas aujourd’hui. Cela est d’autant plus regrettable que nous agissons de manière constructive et non revendicative.

– Qu’attendez-vous des nouvelles autorités politiques élues à Genève?
– S’agissant de la mobilité, nous attendons que nos nouvelles autorités soient à l’écoute des professionnels du domaine. Nous souhaitons également que le bon sens revienne au centre des débats et des réalisations de projets. A quoi bon prévoir deux voies sur le pont de la Coulouvrenière, une pour les vélos et une pour les voitures, si elles sont de même largeur? Ça ne fait aucun sens. Travaillons ensemble sur une vraie planification de la mobilité à Genève, afin de garantir la fluidité du trafic, avec tous les avantages qu’elle apporte.

 

Propos recueillis par Jérôme Marchon

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