Les habitants de la région neuchâteloise semblent mieux lotis que ceux de la Côte vaudoise. Les premiers peuvent encore faire le plein de sans plomb à environ 1,75 franc le litre, alors que les seconds doivent se fendre de 1,90, voire plus de 2 francs sur autoroute.
De nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour la fixation des prix de l’essence. Bien entendu, les fluctuations des prix du baril de pétrole, particulièrement volatiles en raison de la reprise économique, jouent un rôle prépondérant. S’ajoutent ensuite les taxes perçues par la Confédération, pour environ 60% du prix à la pompe. Les frais de transport comptent pour environ 15 à 20% du prix, qui reste aussi sensible aux disponibilités des moyens de transport et aux conditions de navigation sur le Rhin. Enfin, les pétroliers et détaillants disposent d’une marge d’environ 15% du prix au litre d’essence (environ 20% pour le diesel), qui sert à rétribuer le réseau de stations-service et les prestations fournies aux automobilistes.
Dès lors, il est aisément compréhensible qu’une station-service dans un endroit reculé ou difficile d’accès affiche des tarifs plus élevés qu’une station en plaine. De même, la proximité d’une raffinerie ou d’un dépôt de carburant va avoir tendance à diminuer la facture du transport, du fait de trajets plus courts pour approvisionner les stations.
Les disparités régionales des tarifs de l’immobilier, des salaires, l’emplacement et les services disponibles en station-service influent aussi de manière significative sur le prix à la pompe. Ainsi, une station-service en ville de Genève, avec shop et tunnel de lavage, aura des frais de fonctionnement plus élevés qu’une station à pompe automatique en campagne. Sur autoroute, les tarifs élevés s’expliquent d’une part par l’emplacement stratégique et la clientèle d’une certaine manière «captive», mais aussi les frais et conditions appliquées par les autorités, propriétaires des infrastructures, louées ensuite aux exploitants des stations-service.
La concurrence
Le marché de l’essence est soumis à une forte concurrence en Suisse. Le maillage du réseau de stations est l’un des plus denses au monde, avec de nombreux acteurs différents. Compte tenu des marges restreintes, l’essence est souvent utilisée comme produit d’appel pour attirer le client, en espérant que celui-ci dépense dans le shop. Voilà pourquoi certaines stations pratiquent des rabais ponctuels de 3 à 5 centimes par litre. Enfin, on serait tenté de parcourir quelques kilomètres supplémentaires pour faire un plein à un tarif au litre plus avantageux; pourquoi pas, dans la mesure où le gain réalisé sur le prix de l’essence n’est pas absorbé par la consommation d’essence supplémentaire pour atteindre ladite station?
Marc Devion