lectures - Député, ancien cadre de l'économie, journaliste...
Jacques Jeannerat explore les mystères du Clos du Doubs
C’est une belle saga familiale, avec comme toile de fond un petit village jurassien, à laquelle nous convie Jacques Jeannerat dans son roman «Les Brumes du Clos du Doubs». Le lecteur est immergé dans le monde paysan de la première moitié du XXe siècle, rythmé par ses mœurs et coutumes. S’inspirant de faits réels, l’auteur – originaire du Clos du Doubs – a mené des recherches historiques approfondies pour construire son récit.
Le roman débute en 1931 dans les Franches-Montagnes, à un jet de pierre du Doubs et de la frontière française. A l’époque, cette région proche de Saint-Ursanne se caractérise essentiellement par une activité agricole vivrière; les valeurs catholiques y sont profondément enracinées. Léon et Marie vivent dans une ferme. Hélène, leur fille aînée, se retrouve enceinte à l’âge de 14 ans, à la suite d’une relation avec Paul, un homme qui a le double de son âge. Les parents de la jeune fille sont profondément bouleversés. Pour son père Léon, un brave agriculteur, c’est un scandale, la honte qui s’abat sur sa famille.
A l’écart des bavardages
médisants
Guidé par le curé de la paroisse qui lui conseille d’accepter «ce péché charnel», Léon ne trouve d’autre solution que d’emmener Hélène loin du village, dans «une maison de redressement moral» tenue par la congrégation de Saint-Charles de Lyon: le château du Bois à Belfaux (Fribourg). «Des lieux comme celui-ci existaient bel et bien en Suisse et ailleurs jusque dans les années 1950. Ils avaient pour but de permettre aux mineures tombées enceintes hors mariage d’accoucher discrètement et en sécurité, explique Jacques Jeannerat. Certaines jeunes filles, comme Hélène, retournaient ensuite chez elles avec leur bébé, alors que d’autres étaient rejetées par leur famille et livrées à elles-mêmes. D’autres encore connaissaient un destin tragique: elles se suicidaient avec leur enfant».
L’amoureux d’Hélène, quant à lui, fut contraint à un an de prison pour expier sa faute: une relation sexuelle avec une jeune femme encore mineure. «S’il s’agit d’un roman, toutes les informations vérifiables ont été scrupuleusement vérifiées», confie l’auteur. Cette recherche documentaire concerne les valeurs sociales de l’entre-deux guerres, mais aussi les gestes de la vie quotidienne à la campagne, les paysages, l’habitat, les transports, la religion, l’alimentation et même le patois… autant d’aspects qui contribuent à procurer une authenticité locale au récit.
La vie dans les montagnes
jurassiennes
Pour Hélène, être chassée de son village natal représente un véritable traumatisme. Comment va-t-elle faire face à une situation qui la dépasse? Le roman met en lumière une succession d’épisodes au caractère dramatique. «Le fil rouge de l’histoire est l’amour, au sens large, celui d’une famille qui parvient à se reconstruire», affirme Jacques Jeannerat qui a intégré une citation de personnalité – culturelle, philosophique ou politique – en début de chaque chapitre. «Pour refléter l’état d’esprit de ce qui va suivre», précise-t-il. Des thèmes comme la puissance du pardon, l’importance accordée au travail, le rassemblement familial se déroulent ainsi au fil de la lecture, ajoutant une touche émotionnelle au roman qui s’adresse à toutes les générations.
Dès ses premières ébauches, «Les Brumes du Clos du Doubs» a conquis l’éditeur genevois Slatkine; guère étonnant car ce court ouvrage tient en haleine, d’un bout à l’autre de la lecture. En quelques mois, les ventes ont décollé, non seulement dans le Jura mais aussi à Genève. Un roman sur l’évolution de la société, à offrir ou à s’offrir pour les Fêtes!
Véronique Stein
GROS PLAN
Jacques Jeannerat, des chiffres aux lettres
Après avoir exercé comme technicien en médecine nucléaire – sa formation de base – aux HUG, Jacques Jeannerat s’est orienté vers le domaine de la communication, d’abord au sein d’un parti politique, puis comme journaliste au «Journal de Genève». Il travaille ensuite chez economiesuisse avant de rejoindre la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG), dont il assura la direction générale pendant dix-sept ans. Il maintient aujourd’hui des activités dans les Conseils de diverses institutions, tout en occupant la fonction de chef du groupe sous la bannière Liberté et Justice sociale, depuis 2023, au Grand Conseil genevois (il a aussi été député radical puis PLR entre 2001 et 2013). Ce sont donc les circonstances de la vie qui amenèrent Jeannerat à la littérature; parmi ses références, des auteurs comme Bernard Clavel ou Christian Signol («Les cailloux bleus») qui décrivent les mondes paysan et prolétaire de la première moitié du XXe siècle.
Jacques Jeannerat est par ailleurs Grand Maître de l’Académie du Cep, confrérie bachique visant à cultiver l’art de la dégustation du vin et à assurer la promotion des produits du terroir. Une passion qu’il partage avec les lecteurs du «Journal de l’Immobilier» (Cahier «Chevaliers du Terroir»).
«Les Brumes
du Clos du Doubs»
aux éditions Slatlkine,
Genève.
Disponible en librairie
ou sur commande:www.slatkine.com/fr/editions-slatkine/76349-book-07211325-9782832113257.html