société - Eliminer les violences sexistes et sexuelles
Des lanternes contre l’oubli
Ce sont dix-neuf lanternes de couleur orange qui ont flotté sur le lac dimanche 24 novembre, à la tombée de la nuit: une pour chaque féminicide perpétré en Suisse cette année, plus une en souvenir de toutes les autres femmes tuées dans le monde, simplement parce qu’elles étaient des femmes. Cela signifie une victime toutes les deux semaines dans notre pays: beaucoup trop! Presque toutes ces femmes, dont l’âge allait de 17 à 82 ans, ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire.
Pendant les seize jours d’activisme, soit du 25 novembre – Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes -, au 10 décembre – Journée des droits humains -, des manifestations se sont déroulées à Genève, en Suisse et partout dans le monde pour rappeler les chiffres affolants des violences de genre, domestiques, psychiques, physiques, féminicides, harcèlement en ligne et sur le domaine public.
Ce n’est pas une fatalité!
La violence est une manifestation des rapports de force historiquement inégaux entre les hommes et les femmes, qui a conduit à la domination et à la discrimination des femmes, les privant ainsi de leur pleine émancipation. La reconnaissance de l’égalité entre les femmes et les hommes est un élément clef dans la prévention de la violence. Après leurs interventions, Nathalie Fontanet, présidente du Conseil d’Etat, Alfonso Gomez, Conseiller administratif de la Ville de Genève et en charge de l’Egalité, ainsi que Sophie Calltorp, Directrice du Bureau de Genève ONU Femmes et cheffe de l’action humanitaire, ont mis à l’eau les trois premières lanternes.
Cette émouvante cérémonie, à laquelle ont participé plus de 200 personnes, était organisée aux Bains des Pâquis par les trois clubs Soroptimist International Genève-Fondateur, Genève-Rhône et Nyon-Rolle, et par le Club Zonta International Grand Genève – Terre Sainte. Cette année les organisatrices étaient rejointes par d’autres clubs comptant un grand nombre d’hommes, le Club Kiwanis-Lac et le Club Genève Natation 1885, ainsi que par l’association ADEMAG, pour la lutte contre la violence envers les femmes. Le Jet d’eau a été illuminé en orange par les Services industriels de Genève (SIG) le 10 décembre.
Un événement hautement symbolique, qui appelle hommes et femmes à reconnaître le droit fondamental à l’égalité: au niveau individuel et collectif, ils doivent s’engager pour mettre fin à l’escalade alarmante des violences de genre, et tout particulièrement aux féminicides.
En Suisse et à travers le monde
Contrairement à d’autres pays, en Suisse les féminicides ne sont pas recensés officiellement; le site Stop-Femizid permet d’en rassembler la plupart (www.stopfemizid.ch/francais). Cette année, le Canton et la Ville de Genève ont lancé, avec 38 partenaires (associations féministes et autres acteurs institutionnels), la deuxième édition de la campagne «Violences sexistes et sexuelles: finissons-en!» (www.25novembre-geneve.ch).
Les «16 jours contre la violence basée sur le genre» se déroulent dans 187 pays du monde entier. En Suisse, l’ONG féministe pour la paix Frieda coordonne la campagne depuis dix-sept ans en Suisse alémanique et depuis 2023 dans toute la Suisse. En 2024, elle met en lumière les parcours de reconstruction et la riposte après les expériences de violence (www.16jours.ch).
En 2008, le Secrétaire général des Nations Unies a lancé la campagne, «TOUS UNiS» pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes d’ici 2030. La couleur emblématique de la campagne est l’orange. Symbole de dynamisme et d’optimisme, l’orange représente un avenir exempt de violences contre les femmes et les filles. Cette année, la campagne attire l’attention sur l’escalade alarmante de la violence contre les femmes, sous le thème: «Toutes les 10 minutes, une femme est tuée. #PasDExcuse. TOUS UNiS pour mettre fin à la violence contre les femmes» .
Carla Angyal
GROS PLAN
Deux ONG mondiales
Fondée en 1921, Soroptimist International compte plus de 66 000 membres à travers 125 pays. Les Soroptimist sont des femmes professionnellement actives, qui s’engagent dans des actions locales, régionales et internationales et mènent des campagnes de sensibilisation, pour éduquer et autonomiser les femmes et les filles et leur permettre de réaliser leur plein potentiel.
Quant à l’ONG Zonta International, fondée en 1919, elle compte plus de 29 000 membres dans 63 pays, avec une trentaine de clubs en Suisse, dont treize en Suisse romande et au Tessin. Zonta œuvre à améliorer le statut de la femme dans le monde, se focalisant principalement sur deux axes: «Stop à la violence faite aux femmes» et «Oui à l’éducation».
Soroptimist International et Zonta International bénéficiant d’une voix consultative générale auprès du Conseil Economique et Social de l’ONU.