chevaliers du terroir
Le 14 septembre 2024, l’Académie du Cep ouvrait son 29e chapitre de la Fête des Vendanges
Vingt-neuf ans que l’Académie du Cep célèbre son chapitre d’automne durant la Fête des Vendanges de Russin/GE. Cette année, nous recevions le comédien Laurent Deshusses, un invité d’honneur bien connu des Genevois et des Suisses romands en général. Je l’ai retrouvé en Vieille Ville de Genève, quelques semaines après notre chapitre, pour lui demander son ressenti.
– Tu as été intronisé «Chevalier d’honneur» de l’Académie du Cep. Quelles impressions en as-tu retenues?
– Une belle impression, même si, au début du chapitre, j’étais un peu perdu, car c’est, somme toute, très impressionnant: je ne savais pas si je me trouvais au milieu d’un culte d’une obédience spirituelle ou d’une assemblée de justice au XVIe siècle! (rires) Oui, parce que les gens sont en costume, il y a quelque chose de très cérémonial, dans le déroulé du chapitre, et en même temps quelque chose de très convivial et très amical.
– Avant ce chapitre, connaissais-tu l’univers des confréries?
– Non, je n’avais jamais été approché par une confrérie, donc c’est un univers que je ne connaissais pas. Je n’avais donc pas d’idée particulière sur le sujet. Ah si, à l’exception d’une seule en fait, la Confrérie… Kih-Oskh, dans «Tintin et les cigares du pharaon». Oui, tu te souviens, c’est cette fameuse confrérie qui faisait croire qu’elle faisait la promotion et la vente de cigares, alors que les cigares contenaient un produit moins festif que le vin et nettement plus hallucinogène, de l’opium en fait; et à la fin de la bande dessinée, ils ont tous des cagoules! Ce qui n’est pas le cas à l’Académie du Cep… (rires).
– Depuis l’Antiquité, les arts entretiennent une relation presque symbiotique avec le vin. Quel est ton rapport à ce noble breuvage, fruit de la vigne et du travail des hommes?
– Et bien, comment te dire… Si tu veux, c’est un peu comme avec le soleil… Cela peut être très amical, mais c’est avec modération! Oui, j’aime profondément le vin, et un monde sans vin pour moi, dans ma culture d’Européen, ce serait compliqué… Je me suis toujours posé la question, «et si on devait me priver de quelque chose: de livres, de compagnie … ou de vin?».
– Choix cornélien!
– Oui, absolument… Je me pose encore la question, mais je n’ai pas trouvé la réponse! (rires) J’entretiens un rapport avec le vin qui est important, parce que j’aime profondément cela, et je me souviens même du jour ou le goût est apparu, ce plaisir-là, autour de mes vingt-cinq ans.
– Dans le millésime 2024 de la Revue genevoise, il y a quelques scènes qui se déroulent «à table». Pour l’écriture de tes spectacles, passes-tu quelquefois du temps aux terrasses de bistrots pour t’inspirer?
– Non, pas vraiment, en revanche je passe du temps sur la toute petite terrasse, minuscule, de Claude Inga-Barbey… Mais non, je n’écris pas au bistrot, paradoxalement; les idées peuvent venir et naître au bistrot, mais se concrétisent au calme.
– On compte nombre d’auteurs qui ont écrit sur le vin, de Lamartine qui fut aussi vigneron en Mâconnais, à Baudelaire bien sûr, et Anne Roumanoff et son célèbre Radio Bistrot (rires). Le vin et l’humour, un bon assemblage?
– Oui, mais plutôt l’alcool et l’humour… Les gens de ma génération, on a tous en tête le sketch de Coluche intitulé «Gérard», dans lequel le personnage du père reproche à son fils de fumer des joints alors qu’il est lui-même parfaitement aviné! J’ai davantage cette référence en tête. Mais tu parlais de Lamartine, il y avait aussi Voltaire qui avait des vignes dans mon canton; j’ai d’ailleurs lu récemment qu’à chaque vendange, il levait son verre en parlant du vin… et le reposait, délicatement, sans y toucher, il ne le buvait… absolument pas! (rires). J’aurai quand même aimé déguster et savoir ce qu’avaient comme goût les vins de cette époque…
– Donc on te verra peut-être aux prochains concours de dégustation?
– Non, probablement pas, agenda théâtral oblige, mais plutôt à l’occasion d’un prochain chapitre!
Laurent Deshusses était le 29e invité d’honneur du chapitre d’automne de l’Académie du Cep.