Une commune proche de la nature

– Quelle a été l’évolution d’Attalens au cours des dix dernières années?
– Nous sommes entrés dans une phase de stabilisation, après trois décennies au cours desquelles la population a presque triplé. En 2011, nous comptions 3000 habitants et aujourd’hui nous sommes 3700 résidents. Cela étant, les prédictions qui envisageaient une population de 4000 habitants n’ont pas abouti et il y a peu de chance que la commune atteigne cette limite prochainement.

– Comment s’explique cette stabilisation de la population?
– Elle est due à la volonté des autorités, répondant en cela aux souhaits de la population exprimés dans le cadre d’ateliers participatifs. Ceux-ci avaient été organisés après la construction très rapide de plus de 80 villas sur une seule zone. Aujourd’hui, notre croissance est maîtrisée, agréable, et elle nous permet aussi de développer les infrastructures sans être perpétuellement dans une situation d’urgence.

– Avez-vous encore des terrains à construire disponibles?
– Nous sommes clairement dans une démarche de densification, avec de l’habitat groupé et des rénovations de maisons qui comprennent désormais deux ou trois appartements. C’est une vraie tendance dans la commune, où plusieurs familles ont ainsi créé des logements pour leurs enfants. C’est aussi une manière de permettre aux jeunes de rester à Attalens, car les prix des loyers se situent dans la partie haute par rapport au canton. Actuellement, il n’est pas facile de trouver des objets à louer, ce qui pousse nos jeunes à quitter le village, sans même parler de trouver le budget nécessaire.
Par ailleurs, nous avons la chance d’avoir des logements adaptés aux seniors au centre du village. Ceux qui souhaitent vendre leur maison, notamment à des familles qui sont très demanderesses, peuvent ainsi rester dans la commune.

– La voiture reste-t-elle indispensable dans votre commune?
– C’est une question très personnelle, mais, grâce à l’action d’un groupe de travail régional, nous avons réussi à obtenir une augmentation significative des cadences de bus sur la ligne Vevey – Attalens – Palézieux. Les fréquences sont régulières, y compris le week-end et tard le soir. Les pendulaires sont de plus en plus nombreux à apprécier la combinaison bus et train qui génère moins de stress et qui est plus économique, le parking dans les villes étant difficile et très cher.

– Les infrastructures sont-elles aujourd’hui adaptées à la population?
– Dans les années 2000 à 2015, la commune a enchaîné de nombreux projets comprenant notamment l’extension de l’école, ce qui fait que celle-ci correspond actuellement à nos besoins. Par contre, notre crèche communale manque de places. Nous avons donc lancé une étude de faisabilité sur une parcelle non occupée située au centre du village, pour augmenter les capacités d’accueil en crèche et de l’extrascolaire pour les élèves (AES) à l’horizon 2028. Nous ne sommes pas dans une situation critique, mais il y a un réel manque de places de crèches dans la région de la Basse-Veveyse. De nombreuses familles viennent du canton de Vaud et n’ont pas de cercle familial tels que des grands-parents à même de garder leurs enfants. A terme, le nombre de places en crèche passera de 40 à 52. Contrairement à la structure d’accueil extrascolaire dont l’objectif est de répondre à quasi toutes les demandes, pour la crèche nous cherchons plutôt à atteindre un juste équilibre par rapport à l’offre de la région. Quant au futur bâtiment, le budget du projet se monte à huit millions, ce qui est gérable pour Attalens.

– D’autres projets sont-ils en cours?
– Nous travaillons sur un master plan qui nous permet d’avoir une vue d’ensemble sur les parcelles communales stratégiques. Nous en avons identifié cinq. Comme expliqué précédemment, l’une est destinée à la crèche et deux autres à de petits immeubles comprenant des logements et des surfaces pour des commerces et des professions libérales. Une autre parcelle se trouve dans une zone artisanale que la commune a récemment rachetée et sur laquelle nous souhaitons installer des infrastructures pour les jeunes et les familles. Enfin, la cinquième parcelle abrite l’auberge communale, une salle de spectacle attenante et un ancien bâtiment et nous projetons une réflexion de fond sur l’avenir de cet ensemble. Dans ce cas, il s’agit de projets à plus long terme.

– Quel est l’engagement de la commune en matière d’environnement?
– Nous sommes très actifs dans ce domaine. Attalens est notamment Cité de l’énergie et nous avons obtenu de très bons scores. Nous sommes aussi engagés en faveur de la mobilité douce et, entre autres, partenaire du projet d’Agglo Rivelac. Au niveau communal, nous menons aussi des actions concrètes, telles que l’installation de panneaux solaires sur les toits de nos bâtiments, et nous avons créé une communauté d’autoconsommation qui sera étendue avec la nouvelle loi qui entrera en vigueur début 2025. La commune soutient financièrement, à hauteur de 1000 francs, les particuliers qui installent des panneaux solaires ou une pompe à chaleur. C’est un succès et bien que nous ayons dépassé le budget imparti, nous continuons.
Quant aux déchets, nous collaborons avec l’association Zero Waste et nous constatons une évolution des mentalités. Dans le domaine des circuits courts, des agriculteurs font de la vente directe, en vrac, et ont du succès. Récemment, une association s’est créée afin de mettre en place une communauté pour le prêt de machines que l’on utilise peu, comme par exemple les débroussailleuses. La commune a mis gratuitement à disposition le local et l’association a récolté très vite des objets. Enfin, la commune a récemment modernisé son logo et a ajouté la signature «Attalens – Nature & Proximité». C’est vraiment ce que nous vivons ici.

– La commune a récemment hérité d’une maison estimée à 1,16 million de francs…
– Effectivement, il s’agit d’une donation d’Elisabeth Sapin, ancienne Syndique d’Attalens décédée en août 2023. La question se pose de savoir ce que nous allons en faire pour respecter sa volonté de soutenir la petite enfance et les familles défavorisées, afin qu’elles ne doivent pas recourir à l’aide sociale.

Propos recueillis par
Virginia Aubert