Nouvelle direction au Musée Barbier-Mueller

En reprenant le flambeau suite au passage d’Anne-Joëlle Nardin qui avait succédé en 2022 au long et brillant règne de Laurence Mattet, Séverine Fromaigeat aurait dû occuper son poste dès cet été, mais l’en ont empêchée des projets en cours, telle la co-organisation de la troisième édition de la Klöntal Triennale, événement d’art contemporain qui s’ouvrira en septembre à Diesbach (Glaris). Le territoire de l’historienne de l’art romande, surtout connue pour son travail de conservatrice et curatrice au Musée Tinguely de Bâle depuis 2017, est avant tout lié à l’art de notre temps. Médiatrice culturelle au Mamco genevois, conservatrice adjointe à la Collection Pictet à Genève, curatrice indépendante de projets d’envergure en Suisse et à l’étranger, experte aussi dans les domaines de l’édition et de l’écriture, la voici engagée à la tête de ce joyau privé des arts tribaux d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques.

Mouvement entre les temps

Un choix apparemment étonnant. C’est pourtant «son parcours remarquable» qui a été retenu par la Fondation familiale du musée. Il est vrai qu’au musée Barbier-Mueller, le dialogue entre objets d’arts lointains et création contemporaine s’est ouvert depuis quelques années. De prime abord surprise par l’offre proposée, la passionnée d’art a quant à elle vite été conquise par le défi d’envergure. «La magnifique collection, tant par son ampleur que par sa diversité, ouvre sur de nombreux possibles, propices à renouveler le regard». A l’heure où la jeune génération de la famille Barbier-Mueller participe au destin du musée, celui-ci devait intégrer dans sa programmation «des expositions temporaires, des réaccrochages fréquents, le maintien des invitations d’artistes…». En outre, le musée édite de superbes publications et propose un programme de médiation culturelle pour tout âge. Séverine Fromaigeat entend créer des scénographies d’expositions qui racontent dans l’espace des histoires d’objets, des connivences entre les temps et les territoires. Autant de projets éveillés, agiles et vifs qui portent à la redécouverte de la puissance symbolique et esthétique des arts premiers, tout en inscrivant la collection dans l’actualité et dans le mouvement.

«Transparents» avec John Armleder

La nouvelle programmation sera tangible dès le printemps prochain. Pour l’heure et jusqu’au 5 janvier, l’exposition «Transparents» propose une conversation empreinte de va-et-vient culturels et esthétiques entre des œuvres majoritairement en verre de l’artiste genevois John Armleder et des pièces de la collection.
En comptant Irène de Charrière, première directrice dès l’ouverture du musée en 1977, Séverine Fromaigeat est ainsi la quatrième femme qui «aura pour mission, comme indique l’institution, d’honorer l’héritage de ses fondateurs, Monique et Jean Paul Barbier-Mueller, ainsi que de Josef Müller, initiateur des collections familiales. Il s’agit aussi de continuer en collaboration avec leurs descendants à faire rayonner l’institution sur la scène nationale et internationale».

Viviane Scaramiglia