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déménagement - Henri Harsch HH SA

Quand le bâtiment va, tout va

5 Juin 2024 | Articles de Une

Les sociétés de déménagement sont-elles un bon indicateur du degré d’intégration d’un Etat à l’économie mondiale, ainsi qu’aux flux d’échanges scientifiques, culturels ou politiques? A l’aune du réseau international de la société genevoise Henri Harsch HH SA, qui fournit des prestations de – et vers – 173 pays, la Suisse est certainement une Nation globalisée. Elle est aussi une société quadrilingue et fédéraliste au marché intérieur complexe, dans lequel Henri Harsch HH SA est largement implanté. Paradoxe: le succès de ce déménageur se mesure aussi à la taille de ses espaces de stockage.

Née en 1957 comme transporteur d’objets d’art, la société Henri
Harsch HH SA offre aujourd’hui une palette de cinq prestations apparentées, le déménagement de particuliers et de bureaux, le garde-meuble, l’archivage et le transport d’œuvres d’art. Ce dernier secteur représente encore 40% du chiffre d’affaires de l’entreprise, qui a notamment assuré le transfert des trois musées de la Plateforme 10 à Lausanne et est partenaire d’artgenève dès l’origine de cette jeune foire d’art.
«Nous sommes cofondateurs de l’International Convention of Exhibition and Fine Art Transporters (ICEFAT), l’organisation faîtière des transporteurs d’œuvres d’art», explique Isabelle Harsch, directrice et présidente de Henri Harsch HH SA depuis 2015. Basé à Genève, ce groupement est né pour fournir aux musées et galeries des garanties de qualité quant au maniement de leurs œuvres en transit. Ses 75 membres sont audités tous les trois ans quant à leurs pratiques opérationnelles, administratives et de gestion et perdent leur certification s’ils ne sont plus conformes.

Déménager, c’est déclarer

Déménager, c’est respecter, organiser, planifier, entreposer, protéger, mais aussi déclarer. Dans le cas d’œuvres d’art, les procédures de déclaration et d’importation/exportation peuvent être complexes. Henri Harsch HH SA dispose d’une équipe spécialisée dans les déclarations en douane. De même, l’entreprise loue des surfaces aux Ports-Francs de Genève et a obtenu le statut d’entrepôt douanier ouvert (EDO) qui lui permet de stocker des œuvres sous douane dans ses propres locaux.
L’activité de déménagement a été développée par Bertrand Harsch, le père d’Isabelle, qui a su profiter de l’essor de la Genève internationale, avec l’arrivée de l’Organisation mondiale du commerce, la création de la Maison de l’environnement ou l’accueil facilité des ONG internationales, pour bâtir un réseau international de partenaires afin de répondre à la demande croissante de mouvements internationaux.
Mais Genève n’est pas la Suisse. Pour offrir à ses correspondants l’accès à la totalité des destinations nationales, il s’implante à Zurich, ce qui fait de Henri Harsch HH SA l’une des rares entreprises de déménagement présente sur l’ensemble du territoire suisse. «Nos partenaires étrangers n’auraient pas compris que nous ne puissions pas intervenir en Suisse alémanique, ou alors seulement en envoyant des équipes de Genève, ce qui aurait un coût prohibitif», commente Isabelle Harsch.

Isabelle sur le terrain.
Tout en douceur…

Un champ en évolution

Parce que le business, même global, garde toujours une composante locale, Isabelle Harsch a acquis quatre entreprises vaudoises pour accroître son implantation dans l’Arc lémanique et s’adapter aux sensibilités cantonales toujours très fortes. Pour mitiger les coûts élevés liés aux salaires et au franc suisses dans les déménagements vers l’étranger, elle a créé une organisation dans laquelle ses collaborateurs préparent les caisses, mais où le transport est assuré par un partenaire du pays de destination.
Le déménagement de bureaux est un champ d’activité que la Covid a fait évoluer. On n’emménage plus uniquement dans des locaux plus grands, mais désormais aussi dans des surfaces plus petites, ce qui ouvre de nouveaux champs d’action à Henri Harsch HH SA. Il y a d’une part le stockage du mobilier de bureau qui n’est plus utilisé, mais aussi la revente de ce mobilier. Le dénominateur commun est bien sûr le service à la clientèle, mais l’idée d’offrir un guichet unique et le désir d’éviter la dispersion des prestataires auquel le client est confronté ont également guidé les pas de la société vers ces nouveaux marchés.
Après avoir créé des surfaces de bureau et de stockage à Carouge/GE au début des années 1990, un entrepôt à Gland/VD en 1989, Henri Harsch HH SA s’apprête à inaugurer un nouveau bâtiment de 7000 m2 à Meyrin en 2025. Paradoxalement, le succès de cette entreprise de déménagement pourrait se mesurer à la taille de ses entrepôts. Henri Harsch HH SA confirmerait-il l’adage qui veut que quand le bâtiment va tout va?

 

Cesare Accardi

Bertrand et Isabelle Harsch: une transmission harmonieuse.

GROS PLAN

Eviter l’écueil de la troisième génération

 

Henri Harsch était déclarant en douane pour une entreprise de transport d’œuvres d’art quand il s’est mis à son compte en 1957, dans son appartement. Son épouse l’aidait tout en ayant un emploi à l’extérieur, ce qui a permis au couple d’assurer son budget lors du lancement de l’activité. «C’était un démarrage avec de petits moyens», raconte Isabelle Harsch.
Bertrand, le père d’Isabelle, entre dans l’entreprise en 1973 et en prend rapidement la direction. Alors qu’Henri avait peint ses camions en gris par souci de discrétion, Bertrand passe au rouge – comprenez qu’il repeint la flotte en rouge et donne à l’entreprise son identité visuelle actuelle.
C’est lui aussi qui lance sur les ondes de «World Radio
Geneva» une campagne publicitaire restée célèbre, avec le slogan
«Harsch, the art of moving». «Pendant des années après la disparition de la radio, nous avons eu des clients qui venaient à nous avec ce slogan en tête», raconte sa fille.
En 2015, celle-ci fait évoluer le slogan en «Harsch, the art of moving forward». «Je voulais signifier que nous ne faisions pas que transporter des objets, mais que nous avions aussi un service d’archives, par exemple. Je pense qu’il est important pour les collaborateurs qui ne travaillent pas dans le domaine du déménagement de sentir que l’identité d’entreprise les prend aussi en compte», explique-t-elle.
«On dit souvent que c’est à la troisième génération qu’une entreprise familiale échoue, relève Isabelle Harsch. Je pense que c’est lié au fait que cette génération est celle des cousins, ce qui entraîne une dilution des responsabilités et une divergence des intérêts».
Ecueil évité: Isabelle Harsch est seule maîtresse à bord. Bertrand, son père, pensait que le dirigeant devait avoir les mains libres. Il a organisé le rachat par Isabelle à ses frères et sœurs de leur part de l’entreprise, sur la base d’une estimation externe. Bertrand avait déjà racheté la société à son propre père.
Avec 130 collaborateurs fixes, la société a probablement atteint la limite supérieure pour une PME familiale dans laquelle la direction connaît chacun des employés et leur famille, concède Isabelle
Harsch. «Dans une entreprise familiale, chaque collaborateur est inscrit dans l’aventure familiale et nous devons travailler à les inscrire dans la durée et leur donner les meilleures conditions possibles pour que cela rayonne sur notre clientèle», explique-t-elle.