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culture - AMPHITRYON

De La Mobilière à Molière il n’y a qu’un pas

24 Avr 2024 | Articles de Une

Qui n’a jamais rêvé d’être soi, en mieux? Que serions-nous si nous étions un autre? Un divin qui nous confronte à notre part fantasmée, notre part irrésolue. Cette part animée d’une volonté de toute puissance et d’insouciance à la fois, affranchie des pesanteurs de la raison et de la morale. Dans cette comédie baroque, Molière révèle sa conception du théâtre comme un carrefour de la réalité et du virtuel, qui prend ici la forme de dieux omniprésents, maîtres des apparences qu’ils créent aux dépens des humains. Il mêle la farce, la parodie, la comédie sociale, le drame tendant vers la tragédie. Le tout orchestré par une machinerie qui a contribué au succès de cette pièce. Mais cette dimension spectaculaire, si elle contribue bien sûr au plaisir du spectateur, est aussi employée par Molière pour nous pousser à nous interroger sur le pouvoir et les dangers de l’illusion. Le plateau du théâtre est devenu terrain de jeu des dieux, leur demeure à jamais inaccessible.

Lorsque Jupiter jette son dévolu sur Alcmène, mariée à Amphitryon, il ne peut parvenir à ses fins que sous les traits de son mari parti à la guerre. Le prompt retour est annoncé, et Jupiter se présente donc à la porte du logis d’Alcmène, empruntant l’apparence d’Amphitryon. Jupiter et Alcmène s’ébattent durant une longue nuit. Les confrontations successives et croisées des personnages et de leurs imposteurs jettent un trouble croissant parmi les mortels.

«Et vous n’ignorez pas que ce maître des Dieux
Aime à s’humaniser pour des beautés mortelles,
Et sait cent tours ingénieux,
Pour mettre à bout les plus cruelles».

En filigrane de cette insoutenable légèreté résonnent le viol de l’intégrité physique et morale d’Alcmène ainsi que le vol de l’identité sociale et intime d’Amphitryon.
Les étudiants de l’UNIGE (Faculté de Droit) sont invités à faire le procès fictif de Jupiter, mettant en scène le sujet délicat du consentement. Au prétexte de ce quiproquo singulièrement criminel, les questions de rapport de force, de responsabilité et de viol sont débattues et reflètent les dynamiques politiques et sociales propres à notre temps.
Ce procès fictif fera donc l’objet d’un concours de rhétorique qui promet d’être passionnant. J’aurai le plaisir de jouer Alcmène en première partie. Les étudiants en Droit débattront du sort de Jupiter.

Daniela De la Hoz
Spécialiste sinistres

De la Mobilière à Molière il n’y a qu’un pas, ou deux lettres.

UNI- DUFOUR – Salle U 600
3 mai 2024 – 19.00

Evénement organisé par LAW CARRER START,
Association étudiante UNIGE

 

Info : www.theatre-hall.ch