Les quatre vérités de Jean-Marc Vaudiau
L’espoir et l’espérance
Par sa dimension qui
transcende le temps
quotidien, l’espérance
apparaît dans son ampleur
spirituelle.
Ces deux notions qui semblent proches au premier abord impliquent toutes deux, comme on le sait, l’attente d’un avenir meilleur: bientôt la lumière jaillira. La première, l’espoir, est une notion psychologique, elle naît du curieux mariage de la certitude affective et de l’incertitude intellectuelle: rien ne me permet rationnellement d’être certain que demain sera meilleur qu’aujourd’hui et cependant, affectivement, tout me pousse à le croire. C’est l’oscillation entre ces deux pôles qui crée un désir et maintient dans l’esprit cette lueur à laquelle on s’accroche, même au cœur de la nuit, et qui nous persuade que ce désir se réalisera.
L’espérance est également l’attente d’un bien qu’on désire, mais elle n’est pas psychologique, elle est une vertu. Donc elle ne va pas de soi, mais prend sa racine plus profondément que les divers espoirs quotidiens. Georges Bernanos distingue bien ce qui peut combler de ce qui peut rassasier: «N’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prenaient faussement pour de l’espérance» (La liberté, pour quoi faire? Editions Folio.) Par sa dimension qui transcende le temps quotidien, l’espérance apparaît dans son ampleur spirituelle. Il s’agit d’une disposition à bien agir qui rend bon celui qui agit au même titre que ce sur quoi il agit. On est en présence d’une sorte de don que certains possèdent et qui illumine leur vie.
Espoir et espérance permettent à l’homme de tenir debout dans les épreuves. La première par une force naturelle qui le pousse vers une vision positive du monde, un optimisme mesuré; la seconde par une force surnaturelle qui le conduit vers un autre rivage encore à notre portée. Elle n’est donc pas seulement une attente passive; elle est une révolte contre la corruption humaine, un refus d’accepter le destin purement terrestre de l’homme, l’exigence de la vie qui ne se satisfait pas de la fin du tombeau. Elle est très exactement la promesse du jour de Pâques.