Avec vue sur le lac…

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aménagements

Girod Piscines fête ses soixante ans

27 Mar 2024 | Articles de Une

L’accès à l’eau est un droit, ont décrété les Nations Unies. A Genève et sur l’Arc lémanique, le message semble avoir été reçu. Quelque 150 piscines sont construites chaque année et le canton compte plus de cinquante piscinistes, dont seuls cinq ou six emploient plus de dix personnes. Avec plus de 20% du marché, l’entreprise familiale Girod Piscines SA, fondée en 1964, est la plus ancienne et la plus grande. Alors que la troisième génération en prend les commandes, la société ouvre une structure à Chavannes-de-Bogis/VD, sur la rive droite, afin de répondre au mieux à la demande croissante de la région entre Genève et Lausanne.

… ou à l’intérieur. Des piscines de grande classe.

Construire une piscine? Facile: il suffit de creuser, couler du béton et amener un tuyau d’eau. N’espérez pas obtenir votre CFC de pisciniste avec cette réponse! D’abord, parce qu’il n’y a pas de formation spécifique à cette branche. Ensuite, parce que réaliser un bassin demande des compétences en hydrologie, traitement des eaux, chimie, maçonnerie, dessin technique et ingénierie, notamment.
Mais il y a piscine et piscine. «Nous nous positionnons sur le haut de gamme», indique Guillaume Girod. Il ne travaille ni avec des bassins posés en surface, ni avec du préfabriqué. Sa société propose des solutions sur mesure et intervient comme bureau d’études, fort de l’expertise de ses trois jeunes dirigeants, Patrick Girod, ingénieur ETS, Audrey Girod, spécialiste en RH, et lui-même, Guillaume Girod, ingénieur EPFL, pour les nommer dans l’ordre de leur venue au monde.
Pourquoi faut-il une spécialiste des RH dans une PME de trente personnes? Le cas de figure est plutôt rare pour une entreprise familiale de cette taille, mais «cela tient au fait que notre métier est multiple et qu’il n’y a pas de voie d’accès unique, répond Audrey Girod. Nous sommes à la croisée de domaines tels la mécanique, l’hydraulique, la chimie et le l’électrotechnique. Nous recrutons des collaborateurs qui viennent des CFF ou du domaine de l’automobile, par exemple; nous comptons une année avant qu’un nouvel arrivé ait intégré toutes les dimensions de ses tâches. L’encadrement est dès lors important».

La fidélité est une mémoire

De ce fait, la fidélité dans les rapports de travail est un atout pour les clients comme pour l’entreprise et celle-ci cherche à l’entretenir, notamment en minimisant le nombre d’emplois saisonniers, au profit de contrats à durée indéterminée. L’entretien est d’ailleurs un mot clef chez Girod, qui intervient encore sur des installations que la société a posées il y a un demi-siècle. Il est d’autant plus important que la mémoire de ces aménagements soit encore présente.
En termes de chiffres d’affaire aussi, l’entretien est important. Il représente 65% du total, contre 20% pour l’étude et la réalisation de nouvelles infrastructures et 15% pour le mobilier de jardin.
Alors qu’un bassin hors-sol est souvent vidé sur la pelouse, l’eau d’une piscine faite dans les règles de l’art retourne dans le circuit qui la ramène au lac ou dans un cours d’eau après son traitement en station d’épuration. «Les trois enjeux sont de limiter le recours aux produits chimiques, l’évaporation et la consommation d’énergie», énumère Guillaume Girod. Une piscine peut être neutre en CO2 si elle est chauffée grâce à une pompe à chaleur, elle-même alimentée par une installation photovoltaïque ou, mieux, si elle est simplement chauffée par une couverture solaire additionnée ou non de panneaux solaires thermiques. La couverture réduit en outre l’évaporation jusqu’à 90%.

L’importance d’un entretien professionnel.

Une consommation marginale

«A Genève, le réseau d’eau fuit peu et pourtant la consommation d’eau du parc de piscines est infime comparée aux pertes du réseau, de l’ordre de 0,2% contre 10%», assure Guillaume Girod. En pourcentage, cela est faible, mais le filtrage de l’eau d’une piscine peut consommer 1000 litres par semaine, qu’il faut remplacer.
Au fil des ans, la taille des nouveaux bassins décroît. Rares sont les privés qui installent désormais des piscines de natation chez eux, il s’agit surtout de disposer d’un plan d’eau ou se rafraîchir et faire jouer ses enfants ou petits-enfants.
A l’origine, l’entreprise distribuait ses produits dans toute la Suisse. Aujourd’hui, le recentrage sur le service plutôt que sur la vente de biens a amené Girod Piscines à se concentrer sur le bassin lémanique. Pour mieux servir sa clientèle (et passer moins de temps dans le trafic), la société a ouvert fin février une antenne sur la rive droite, à Chavanne-de-Bogis/VD, d’où elle dessert notamment la région entre Genève et Lausanne.

 

Cesare Accardi

Guillaume Audrey et Patrick Girod.

GROS PLAN

Une transition naturelle: la troisième génération arrive aux commandes

 

Girod Piscines a été créée par Philippe et Madeleine Girod en 1964. Pierre et Chantal Girod leur ont succédé en 1983. Depuis 2018, leurs trois enfants, Patrick, ingénieur ETS, Audrey, spécialiste RH et Guillaume, ingénieur EPFL, ont progressivement repris la société, mais la transition n’est pas terminée, assurent les trois jeunes qui pointent la présence de leurs parents au Conseil d’administration. Pierre Girod est par ailleurs président de l’Association professionnelle des piscinistes genevois (A2PG), qu’il a contribué à créer en 2018.
A l’origine, Girod Piscines commercialisait un système de traitement d’eau électrophysique qu’elle a développé et breveté. Cette technologie, encore largement présente parmi les clients de Girod Piscines, ne peut plus être installée sur des constructions neuves en raison de ses dégagements de cuivre que les stations d’épuration ne sont pas en mesure de traiter. «Nous entretenons des installations qui ont un demi-siècle et fonctionnent encore», souligne Guillaume Girod. L’atelier de Vésenaz produit les pièces nécessaires et répare celles qui le nécessitent.
«Nos grands-parents concevaient et construisaient les piscines, explique Guillaume Girod. Aujourd’hui, nous étudions et réalisons la technique de filtration et de traitement de la piscine et le client choisit le maçon et le carreleur. Nous avons bien sûr une liste à sa disposition». Girod Piscines travaille exclusivement sur des bassins en béton armé, qui permettent de choisir la taille et la forme sans contrainte, selon la topographie du terrain et les désirs des clients.
«Nos parents travaillaient tous les deux dans l’entreprise et naturellement ça débordait sur la maison, raconte Audrey Girod, mais ils n’ont jamais fait pression pour que l’un d’entre nous reprenne l’entreprise. A la différence de nos parents, mes frères et moi avons des familles qui ne sont pas impliquées dans la société et cela nous aide à séparer travail et vie privée».
«Nos collaborateurs nous ont vu grandir parce que nos parents nous faisaient travailler durant les vacances, se souvient Guillaume. Il ne s’agissait plus de nous introduire à la valeur du travail que de nous préparer à leur succession». Après leurs études, les trois enfants ont travaillé hors de la société familiale avant de faire le choix de la rejoindre. «Nos parents ont eu l’intelligence de nous confier d’abord des projets afin de nous familiariser avec l’entreprise et apprendre des collaborateurs», se souvient Audrey Girod: surveiller les consommations d’eau chez les clients, migrer les logiciels ou redéfinir un cadre de gestion de RH.
«Nous nous sommes engagés parce que nous avons compris trois choses», ajoute Guillaume: que nous pouvions renoncer et nous retirer de l’affaire si cela ne nous plaisait pas, que nous pouvions la faire évoluer et changer et que nous n’allions pas passer notre temps à nous déchirer». «Le défi, c’est la communication entre nous, précise Audrey, non pas parce que nous ne parlons pas, mais parce que nous pouvons être très directs. Nous travaillons beaucoup pour y mettre les formes».