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Entre régie immobilière et haute montagne

Une Suissesse aux sommets

6 Déc 2023 | Articles de Une

«Mordue de 8000 mètres», c’est ainsi que la Genevoise Christine Vogondy (photo) résume sa passion pour l’alpinisme. Cette gérante d’immeubles et fondée de pouvoir à la SPG a gravi non seulement les échelons de la régie, mais aussi ceux de la montagne. En juillet dernier, elle a raflé le record du monde féminin de l’ascension des cinq sommets pakistanais de plus de 8000 mètres – dont le fameux K2 – en l’espace de 26 jours. Un temps record qui hisse la jeune femme sur le podium des alpinistes les plus rapides du monde.

«Bien que la pratique du sport – en particulier l’athlétisme – ait toujours fait partie de ma vie, l’appel des sommets m’est venu il y a quelques années seulement», confie Christine Vogondy. Elle se lance alors dans l’ascension de montagnes suisses, françaises et d’autres à travers le monde. Cervin, Mont-Blanc, Kilimanjaro, Aconcagua… En avril 2021, l’alpiniste de 30 ans investit tout son argent pour une première expédition dans l’Himalaya, afin d’affronter l’Everest: «Après deux mois d’ascension, nous avons été bloqués en raison d’une mauvaise météo et avons dû redescendre sans avoir pu atteindre le sommet. Une sacrée leçon d’humilité! Il est difficile d’accepter qu’en montagne, on ne maîtrise pas tout. Il y a une part d’imprévu: la nature a ses propres lois». Loin de se décourager, Christine Vogondy réunit les fonds nécessaires – grâce au soutien de ses sponsors – pour partir en septembre 2022 sur le Manaslu (8163 mètres) au Népal, huitième sommet le plus haut du monde. Après 28 jours et trois tentatives vaines en raison d’avalanches et de neige excessive, elle atteint le sommet, validant ainsi son premier 8000 mètres. «Je me suis détachée du groupe d’alpinistes pour mener cette ascension avec la seule compagnie d’un sherpa, un choix qui a payé», précise celle qui deviendra ainsi la première Suissesse à gravir le vrai sommet Manaslu.

Une bouffée d’oxygène annuelle

En juillet 2023, nouveau succès: l’enchaînement, en moins d’un mois, de cinq sommets au Pakistan, parmi lesquels le K2, qui culmine à 8611 mètres et représente la deuxième montagne la plus haute du monde après l’Everest. Ce record du monde féminin et cette expérience hors norme, Christine Vogondy les a partagés avec son amie Anna Gutu, une alpiniste ukraino-américaine, malheureusement décédée peu après dans une avalanche.
Les ascensions demandent une préparation rigoureuse. Christine Vogondy allie au quotidien course à pied, natation et entraînement spécifique en hypoxie (altitude simulée). Outre son emploi et l’entraînement sportif, la jeune femme occupe une partie de son temps à la recherche de sponsors. «Les expéditions sont très coûteuses, indique-t-elle. Les frais concernent le voyage, l’infrastructure (camps, matériel, nourriture, etc.), mais aussi les primes de sommet pour les accompagnateurs, ainsi que les permis d’ascension. Sur place, l’organisation est extrêmement complexe: à partir du camp de base s’effectuent les «rotations d’acclimatation», car un sommet se gravit par étapes. La nourriture est acheminée à dos de yacks ou de porteurs. «Je suis hyperactive au quotidien, mais en montagne, je suis inévitablement dans un autre rythme. Il faut faire preuve de patience, afin que le corps s’acclimate ou que la bonne fenêtre météo se présente», affirme l’alpiniste, qui dit se sentir très apaisée durant ses expéditions.

En juillet dernier, Christine Vogondy a raflé le record du monde féminin de l’ascension des cinq sommets pakistanais de plus de 8000 mètres.

Toujours plus haut

La sportive de haut vol reconnaît qu’elle a la chance d’être soutenue par son employeur, la Société Privée de Gérance (SPG). Ses congés extraordinaires sont acceptés et elle peut ainsi s’absenter le temps des expéditions. Les points communs entre emploi et alpinisme? Dans les deux contextes, une grande part de persévérance est nécessaire. Au sein de la régie genevoise, la jeune femme l’a bien prouvé: celle qui a débuté comme assistante à l’âge de vingt ans occupe aujourd’hui une position de gérante et fondée de pouvoir. Toujours progresser est la devise de Christine Vogondy: au fil des ans, elle a décroché de nombreux diplômes professionnels et entend continuer à se former.
Une prochaine étape est déjà programmée en avril 2024, avec un retour au Népal. Car pour la liste de Christine, il reste encore six sommets de 8000 mètres au Népal qu’elle espère gravir en sept semaines. Les amis et sponsors qui souhaitent la suivre durant cette nouvelle aventure pourront le faire en temps réel en se rendant sur la carte de son site Internet; son compte Instagram est également richement documenté (plus de 11 000 followers!).
Pour partager ses expériences, l’alpiniste organise régulièrement des conférences privées (sur demande). Projection de court-métrage, récits et partie questions-réponses sont déjà largement appréciés. «La montagne permet de toucher des publics très variés – des enfants aux personnes âgées -, en fonction de leurs intérêts spécifiques: nature, technologie, santé, dépassement de soi, motivation, introspection, etc.», dit-elle. D’ici quelques jours, les élèves d’une école privée profiteront de cette belle source d’inspiration.

 

Véronique Stein

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