Une ancienne magistrate vous désencombre!

Optimiser les espaces par le désencombrement, ne pas les étouffer sous le superflu fait amplement partie du rangement. Trier, réorganiser les surfaces mal exploitées sont devenus une tâche prise au sérieux depuis quelques années par les professionnels. Loin des théories psychorigides de la japonaise Mari Kondo, prêtresse mondiale du genre, Michèle Künzler vient de créer une petite entreprise de conseil pour aider les gens à réduire leur voilure dans l’accumulation d’objets.
Avec le réflexe d’épargne d’après-guerre, les personnes âgées ont tendance à garder des tiroirs «à chenit», des armoires pleines d’objets pour une éventualité qui n’est pas près d’arriver, voire des objets ou des pièces de vaisselle «trop jolis» pour être utilisés. Parallèlement, la surabondance va de pair avec la surconsommation facilitée par les ventes en ligne, à laquelle des gens de tout âge peuvent s’adonner, même de façon compulsive. «Au final, on n’arrive plus à faire face à la montagne de choses qui s’accumulent et qu’il faudrait dépoussiérer, entretenir, réparer». A ce stade, la question se pose: faut-il donner, recycler par la revente ou acheter une armoire supplémentaire?

La vie en ordre

Face au dilemme, la vice-présidente de l’Entraide protestante suisse (EPER) et ancienne conseillère d’Etat genevoise ajoute à ses engagements le chapitre du désencombrement. Ses conseils assortis d’un plan d’action personnalisé répondent à des situations auxquelles bien peu échappent. Vous vous préparez à déménager dans un logement plus petit? Vous devez prendre soin de vos familles ou amis après leur départ en maison de retraite ou leur décès? «Mes parents étaient brocanteurs-antiquaires, j’ai donc été confrontée dès l’enfance à des débarras d’appartement dantesques après un deuil, avec des gens dans la peine, acculés à trier et jeter en urgence ce qui paraissait pourtant précieux», dit-elle.
L’art de ranger sa vie pour alléger celle des autres est un concept familier en Suède. Michèle Künzler s’est notamment inspirée du petit livre très stimulant «La vie en ordre», de Margareta Magnusson (Editions Flammarion), qui explique comment bien gérer le présent et préparer l’après. «Faire le tri dans son existence, qu’il s’agisse de vêtements, d’objets, de souvenirs ou de secrets, c’est presque un mode de vie», observe la Genevoise, dont la méthode est loin de toute radicalité stressante.

La méthode douce

«On évite le tout-ou-rien et on commence doucement, dans des lieux émotionnellement insignifiants, comme la salle de bains. Il s’agit aussi de tenir compte de l’énergie de chacun. Voir un énorme tas de vêtement jetés sur le lit et se dire qu’on en a pour des heures de tri, c’est épuisant et décourageant!». Les objets à donner dans un sac, ceux à recycler dans un autre, faire la pause dès qu’on en a assez: la situation s’améliore au rythme de chacun. Surtout, les décisions ne sont jamais imposées, chacun garde sa responsabilité.
Faire du tri a aussi ses petites astuces. Pour savoir de quel habit se débarrasser, la technique des cintres retournés a du bon. On accroche tous les vêtements sur des cintres à l’envers. Une fois porté, le vêtement sera rangé dans la penderie sur un cintre à l’endroit. Au bout d’un certain temps, il suffit de donner ou vendre les pièces qui sont toujours accrochées à l’envers.

L’accompagnement

Trois services sont proposés. Un bilan de 2-3 heures à domicile avec un plan d’action coûte CHF 190.- (réduction pour les membres de l’AVIVO). Des ateliers-cafés avec un objectif à accomplir par semaine sont aussi conviviaux qu’encourageants. Le coût: CHF 100.- les 5 séances. Enfin, l’aide concrète à domicile revient CHF 90.- de l’heure, avec la possibilité d’aides complémentaires, évaluation d’objets, débarras et nettoyage.

Viviane Scaramiglia