Le château d’Aigle, entre vigne et montagnes.

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LA fête des maires - Grégory Devaud – Syndic d’Aigle/VD

«Nous sommes dans une phase de consolidation»

14 Juin 2023 | Articles de Une

Surnommée la capitale mondiale du cyclisme en raison de la présence du Centre mondial du cyclisme et du siège de l’Union cycliste internationale (UCI), Aigle est une ville à taille humaine qui a connu, ces dernières années, un développement important. Mais comme le souligne son Syndic, Grégory Devaud, la ville a su conserver sa qualité de vie.

– Comment a débuté votre engagement en politique?
– Je suis venu à la politique un peu par hasard. En 2007, je terminais une carrière de cycliste semi-professionnel et le PLR cherchait des candidats pour le Grand Conseil. Mon père, Joseph, était déjà engagé depuis de nombreuses années dans la politique locale. J’avais 23 ans à l’époque et je me suis laissé tenter. J’ai été élu au Grand Conseil vaudois, où je siège toujours, et en 2011, lorsque mon père a arrêté ses mandats politiques à Aigle, je me suis présenté au Conseil municipal. J’ai été élu Municipal en 2011 et une seconde fois en 2016. Je suis désormais Syndic depuis 2021

– Le cumul des fonctions de syndic et de député au Grand Conseil est-il un atout pour Aigle?
– Je dirais qu’il permet d’avoir une vision d’ensemble et d’agir sur les deux plans, la commune et le canton. J’ose prétendre que cela est profitable aux Aiglons et pour la région, cela offre des relations privilégiées et un suivi de l’avancement des dossiers avec le canton.

– Comme se porte Aigle aujourd’hui?
– Je pense que quelqu’un qui a quitté la ville il y a dix ans et qui revient maintenant aura beaucoup de peine à la reconnaître, c’est compréhensible. Aigle a connu une importante phase de transformation à la fin du siècle dernier jusqu’à ce jour et elle va maintenant entrer dans une période de consolidation, avec un développement moindre et moins de constructions. Celles-ci se sont faites essentiellement sur des terrains privés, sans que la commune ne participe vraiment à ces projets, si ce n’est dans le nécessaire accompagnement sur le plan des espaces publics. Nous sommes passés d’un village à une ville et cela s’est fait par les infrastructures, notamment par le grand projet de réaménagement de la gare et ses alentours. Celle-ci est la deuxième plus importante sur la ligne du Simplon, après Lausanne, avec plus de 12 000 voyageurs par jour. A partir de la gare, nous avons développé un important réseau de bus avec des fréquences toutes les 15 minutes et il y a, bien sûr, les différents trains régionaux. La mobilité a beaucoup progressé. Par ailleurs, nous avons la chance de posséder un tissu économique équilibré, avec 6600 emplois avec une vraie diversité d’activités pour 11 000 habitants. Aigle n’est pas une cité dortoir et cela en grande partie grâce au dynamisme des associations locales. Nous avons environ 70 associations actives dans le sport et la culture, qui s’adressent à tous les habitants: les jeunes, les seniors, les migrants… Chaque année, nous organisons pour les nouveaux habitants une rencontre sous la forme d’un «comptoir des sociétés locales». Chacune a son stand et les personnes peuvent les découvrir, poser des questions, s’inscrire. On peut voir Aigle comme un gros village ou comme une petite ville, mais de toute manière, l’important est de garder et de cultiver le contact entre les gens.

– Quel est le profil des nouveaux habitants?
– Nous avons d’abord pensé que les nouveaux habitants arrivaient de Lausanne et de la Riviera mais, en fait, ils viennent surtout de la Côte. Ils travaillent dans la région de Lausanne et choisissent de s’installer à Aigle pour sa qualité de vie. La ville est proche des Alpes vaudoises et permet aux habitants d’avoir leurs loisirs à proximité: ski, randonnée, etc. Nous constatons que les loisirs sont un critère de plus en plus important lorsque les personnes décident de leur lieu de vie. Nous bénéficions aussi de bons transports publics. Nous sommes, par exemple, à moins de trente minutes en train de Lausanne, avec une fréquence toutes les quinze minutes au moins. Récemment, un chirurgien du CHUV me disait qu’il mettait le même temps pour aller à son travail depuis Aigle qu’auparavant depuis Pully. Nous avons aussi beaucoup de jeunes de la commune qui reviennent habiter ici après leurs études ou après quelques années passées ailleurs, en Suisse ou à l’étranger. Et là encore, l’une de leurs principales motivations est de bénéficier d’un cadre de vie de qualité. Il y a une dizaine d’années, les nouveaux arrivants étaient surtout des familles, mais actuellement nous avons surtout des couples jeunes sans enfant et des retraités.

– Quelle est la situation de l’immobilier?
– Nous avons connu une pénurie qui a été suivie par une phase importante de construction, avec une typologie de logement dominée par les grands appartements qui se sont révélés difficiles à louer, mais aussi à vendre. Les développeurs immobiliers ont ensuite revu les dimensions, avec des deux ou trois pièces, essentiellement, dédiés à des couples. Aujourd’hui, nous assistons au retour de logements plus grands, car il y a trop de petits appartements. La demande se porte surtout sur les 3,5 à 4,5 pièces et sur les villas. Globalement, les prix de l’immobilier restent raisonnables. Il faut compter environ 1200 francs pour la location d’un appartement de 3,5 pièces et, à la vente, le prix se situe entre 240 et 260 francs le mètre carré.

– Comment se passe la collaboration entre la commune et les développeurs immobiliers?
– Très bien! Nous avons toujours été dans une situation de dialogue et une vision de gagnant-gagnant. Je pense que la convivialité typique d’Aigle a aussi aidé. Le contact s’est facilement établi avec les promoteurs et les discussions se sont souvent poursuivies autour d’un verre de chasselas. Dans certains cas, la Commune a pu influencer le plan de quartier ou mettre en place un suivi architectural. Dans tous les cas, la collaboration a été harmonieuse.

– Le nouveau quartier, Le Clos du Bourg, est un projet de grande envergure. Quels sont les autres?
– Situé près de la gare, Le Clos du Bourg, qui compte 166 logements, remanie complètement le centre-ville d’Aigle. Ce projet, qui a fait l’objet d’un concours remporté par le bureau d’architectes Lemanarc à Lausanne, a été pensé comme une pièce de puzzle supplémentaire apportée au vieux bourg. Nous avons voulu créer un quartier innovant, tout en reprenant des éléments de l’esprit de l’architecte François Jaquerod, qui a construit Aigle. Par exemple, avec l’architecture typique des maisons vigneronnes composées de deux niveaux sur rez-de-chaussée. Nous avons fait le choix d’un hypercentre-ville piétonnier. Passé celui-ci, nous avons établi une zone à 20 km/h puis à 30 km/h et au-delà, pour les ceintures entourant la ville, à 50  km/h. Nous avons trois parkings de plus de cent places et un quatrième, souterrain, de 200 places est en projet. La mise à l’enquête vient de se terminer. Nous allons aussi construire le gymnase du Chablais vaudois, qui sera érigé sur le site de l’ancien hôpital et accueillera 1200 élèves. La ville verra aussi se développer l’espace événement des Glariers, avec environ mille places. Cette grande salle, qui sera la seule dans le Chablais, était indispensable pour organiser des foires autour de différents thèmes: le vin, la nature, le sport et le tourisme. Nous avons notamment le projet de relancer le Comptoir du Chablais.

– Quelle est votre politique énergétique?
Nous travaillons avec la Satom, l’entreprise de valorisation des déchets incinérables, pour l’installation d’un chauffage à distance. Toute la commune en bénéficiera d’ici sept ou huit ans. Nous mettons aussi l’accent sur les panneaux solaires, dont la production permet aujourd’hui de couvrir quelque 40% des besoins énergétiques d’Aigle.

 

Propos recueillis par
Virginia Aubert

Grégory Devaud.

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