Damien Varesano a présenté l’état d’avancement de la plate-forme Reuzi.
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économie circulaire - Le nouvel outil numérique «Reuzi» se développe
Matériaux de construction: d’un chantier à un autre
Créée en 2020 et active à l’échelle du Grand Genève, l’association Soreva travaille à soutenir le réemploi et la valorisation des matériaux de construction. Son équipe pluridisciplinaire (architectes, ingénieurs, urbanistes et développeurs web) a présenté, il y a quelques jours, l’état d’avancement du projet «Reuzi». Cette plate-forme numérique et collaborative a pour but de diffuser les bonnes pratiques et les recommandations sur le réemploi. A terme, l’idée est de favoriser l’échange de matériaux de construction entre divers chantiers. Cette initiative bénéficie du soutien de l’Etat de Genève, de la Caisse de Prévoyance de l’Etat de Genève et des sections genevoises de la SSE et de la SIA.
La grande majorité (70-80%) des déchets de chantier est constituée de béton de déconstruction, de matériaux d’excavation et d’enrobés bitumineux. En collaboration avec le Service de géologie, sols et déchets (Gesdec), qui porte le programme EcomatGE – dont le but est la valorisation des déchets minéraux de chantier dans la construction – Soreva a développé sa plate-forme, en particulier son premier outil interactif «Reuzi Documentation». D’ici quelques mois, celui-ci comprendra une vingtaine de projets pour lesquels les aspects techniques, esthétiques, économiques seront largement documentés.
Les réalisations exemplaires intégrées à ce jour à cet outil sont réparties en trois catégories. Pour le béton de déconstruction, des projets utilisant des blocs de béton sciés ou ayant un important taux de granulat recyclé sont répertoriés. Pour la thématique des matériaux d’excavation, des projets ayant fait usage de pisé, de terre compressée, avec des murs en terre coulée, ou encore des talus et aménagements paysagers sont présentés. Enfin, apparaissent des projets ayant fait usage d’enrobés bitumineux recyclés et utilisés pour des couches de fondation d’autoroutes, de routes et de pistes cyclables. Damien Varesano, ingénieur civil et administrateur de Soreva, explique que cette plate-forme a un double usage: mettre en avant des projets exemplaires dans le domaine, nourrir et inspirer de nouvelles réalisations, tout en pointant les défis auxquels doivent s’attendre ceux qui se lancent dans le réemploi, le recyclage et l’économie circulaire. La plate-forme est destinée à être alimentée par d’autres projets afin de mettre en avant un maximum d’expériences.
L’objectif est de regrouper sur une même interface les informations pertinentes, avec des grilles de lectures différentes selon les intérêts des divers acteurs concernés, du maître d’ouvrage aux entreprises, en passant par les mandataires architectes et ingénieurs. Quatre zones sont visibles, soit les matériaux, les types d’utilisation, les projets et les acteurs. Grâce aux filtres disponibles, l’utilisateur pourra naviguer librement sur une plateforme qui se veut simple mais précise; il pourra reproduire les savoir-faire et les options présentés, en les adaptant à son projet spécifique.
Publier et consulter en temps réel des offres géolocalisées
Le second module, «Reuzi Place du marché», permet de vérifier la disponibilité des matériaux recherchés, des données plus complexes à documenter. «Nous avons eu la chance de rencontrer la Caisse de prévoyance de l’Etat de Genève (CPEG), qui a une vision de durabilité et de réemploi. La structure détient un parc suffisamment important pour permettre des échanges à l’interne, entre ses propres chantiers», se réjouit Damien Varesano. Cette collaboration a donné lieu à l’outil interactif «Reuzi Inventaire», fondé dans un premier temps sur le projet «Lyon 106» de la CPEG, soit l’ancienne usine Fiat, qui cédera la place à des immeubles locatifs et d’activités.
Le diagnostic de «Lyon 106», richement illustré par des photographies de terrain, a permis d’établir les structures et les matériaux de réemploi présents dans le tissu bâti en déconstruction. La phase d’appel d’offres et de pré-commande des éléments repérés sur le chantier est en cours; quantités, dimensions, poids, volumes, localisation dans le bâtiment, prix, etc. sont indiqués dans l’outil «Reuzi Inventaire». La saisie des informations est aisée et rapide. Les demandes peuvent se faire directement sur la plate-forme. L’intérêt ne s’est pas fait attendre pour ces matériaux de réemploi qui, sans la démarche, finiraient à la benne et au concassage.
Cependant, il reste à résoudre les problèmes, non négligeables, que sont le transport, le stockage et le reconditionnement. «Le but est de limiter le temps de ces phases intermédiaires, en tablant sur la dynamique des chantiers de la CPEG et d’autres maîtres d’ouvrages sur le territoire genevois», poursuit Damien Varesano. Reuzi permet également d’indiquer les espaces disponibles sur d’autres chantiers du canton et qui pourraient servir provisoirement de zones de stockage. De manière générale, Soreva veut identifier des sites en attente ou «en gestation» qui permettraient, en outre, la transformation des matériaux.
Des perspectives très attendues
Pour l’heure, Reuzi est encore en phase de test, avec un usage limité à quelques bureaux et à la CPEG. D’ici peu, le système s’ouvrira à d’autres structures, qui viendront alimenter la base de données. Si la plate-forme a avant tout un caractère informatif avec «Reuzi Documentation», «Reuzi Place du marché» sera un module disponible à la communauté d’utilisateurs et favorisera les transactions entre eux. A noter enfin que l’accès à Reuzi est un service gratuit, à condition d’être membre de l’association Soreva.
Lors de la soirée de présentation du projet Reuzi, l’enthousiasme était palpable dans la salle. Les invités, des professionnels investis dans une démarche de réemploi, ont cependant relevé la nécessaire coordination à mettre en place entre les diverses initiatives. Des passerelles informatiques entre les logiciels existants restent à établir, pour lesquelles des soutiens cantonaux et/ou fédéraux seront nécessaires. Avis aux lecteurs du Journal de l’Immobilier!
