La commune de Port-Valais bénéficie d’une qualité de vie exceptionnelle.

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LA fête des maires - Pierre Zoppelletto, Président de Port-Valais

«Nous sommes le Saint-Tropez valaisan»

22 Mar 2023 | Articles de Une

Entre lac et montagne, à 375 mètres d’altitude, à l’extrémité sud du Léman, la commune de Port-Valais bénéficie d’une qualité de vie exceptionnelle qui attire chaque année un nombre important de nouveaux habitants. Dynamique grâce à son tourisme et à une zone industrielle très active, Port-Valais doit cependant trouver des solutions afin d’améliorer la mobilité, principal enjeu pour la décennie en cours, comme l’explique Pierre Zoppelletto, son Président.

– Port-Valais connaît une hausse régulière de sa population. Comment l’expliquez-vous?
– Chaque année, nous gagnons entre 90 et 130 nouveaux habitants. Aujourd’hui, la commune compte 4432 résidents. Le principal attrait de Port-Valais réside dans sa qualité de vie et dans sa proximité tant avec les pistes de ski qu’avec les commerces et de grands événements culturels comme les expositions à la Fondation Pierre Gianadda. Nous avons beaucoup de Genevois et de Vaudois qui viennent s’installer ici, car ils sont proches de tout et les prix de l’immobilier sont moins élevés que sur la Riviera. Les objets tant à la location qu’à la vente sont très recherchés. De nouveaux projets vont bientôt arriver sur le marché, les mises à l’enquête devant se faire d’ici quelques semaines. Le premier Plan d’affectation des zones a été fait en 1972. Il a ensuite été révisé en 1995, mais la surface habitable est restée la même, tout comme en 2021, avec une obligation de densification. Celle-ci peut se faire, par exemple, en passant de deux à trois étages pour les bâtiments. A terme, la commune pourra accueillir entre 6500 et 6800 habitants.
Nous avons déjà les infrastructures adaptées à cette hausse de la population, mais notre principal problème reste la mobilité.

– C’est-à-dire?
– Actuellement, je dirais que nous sommes un parent pauvre. Des solutions sont en cours, mais il faudra attendre 2028 ou 2029 pour une réelle amélioration avec le RER Sud-Léman et le projet de réouverture de la ligne Evian-Saint-Gingolph actuellement à l’étude. Si ce dernier aboutit, les travaux pourraient débuter en 2026. Pour le moment, nous devons faire face au trafic quotidien de quelque 10 000 travailleurs frontaliers qui n’ont pas d’autre choix que la voiture. Nous avons un train toutes les heures pour Sion, ce qui est correct, mais la liaison n’est pas bonne vers Montreux et Villeneuve.

– Avez-vous pu mettre en place des mesures pour canaliser le trafic pendulaire?
– Pour le moment, cela concerne des routes cantonales qui ne sont pas de notre ressort. En revanche, avec l’ouverture en 2024 ou 2025 du tunnel de contournement des Evouettes, qui permettra d’éviter la circulation dans le village, les routes deviendront communales. Nous pourrons ainsi instaurer des zones à 30 km/h, par exemple. Concernant les pistes cyclables, elles sont inexistantes pour le moment en raison de l’étroitesse des routes, avec d’un côté le lac et de l’autre la montagne. Mais il est prévu d’améliorer la situation en 2025 ou 2026 en rétrécissant l’espace dédié aux voitures, ce qui permettra de dégager de la place pour les vélos.

– Vous évoquiez les nouveaux habitants. Qui sont-ils?
– Il s’agit essentiellement de personnes entre 55 et 60 ans qui veulent profiter du cadre de vie exceptionnel de Port-Valais, ainsi que des conditions fiscales intéressantes. Nous avons aussi quelques familles, mais c’est un peu plus compliqué pour elles en raison des contraintes liées à la mobilité. Il leur faut impérativement deux voitures, par exemple.
L’immobilier a aussi enregistré une hausse des prix ces dernières années, de l’ordre de 20% environ. Pour un appartement de 5,5 pièces, il faut compter entre 650 000 et 750 000 francs et pour une villa mitoyenne entre 850 000 et 900 000 francs. Il y a bien sûr encore quelques opportunités avec des objets plus anciens, mais il s’agit souvent de biens qui se vendent de bouche-à-oreille.

– De nouveaux projets immobiliers sont-ils en cours?
– Si on prend une photo de Port-Valais datant du début du XXe siècle et qu’on la compare à un cliché d’aujourd’hui, on constate que les constructions sont beaucoup plus nombreuses, mais elles ne choquent pas. Le développement s’est fait de manière harmonieuse. Les anciens Conseils municipaux méritent vraiment des félicitations pour avoir bien construit.
C’est dans cette philosophie qu’un nouveau quartier est en train de naître. Il comprend deux projets; l’un porte sur 6000 m2 constructibles et l’autre sur 50 000 m2.

– La commune compte également une importante zone industrielle…
– Oui, elle comprend surtout des PME qui emploient entre trois et dix personnes. Au total, elle représente plus de 1000 emplois avec des entreprises d’envergure, notamment l’Institut hôtelier César Ritz.
La création de cette zone remonte au début des années 80. Le démarrage a été un peu difficile, jusqu’à ce que les chefs d’entreprise prennent conscience que le prix du terrain était nettement plus avantageux à Port-Valais qu’à Aigle et que la zone industrielle était située à seulement dix minutes de la sortie d’autoroute de Villeneuve.
Aujourd’hui il ne reste que deux ou trois petites parcelles disponibles. Elles font entre 1000 m2 et 1200 m2 et correspondent plutôt aux besoins d’artisans.

– Comment se porte le tourisme?
– Bien, nous sommes situés dans une zone vraiment privilégiée. On a le sentiment d’être au bord de la mer. Nous avons les parcs d’attractions AquaParc et Swiss Vapeur Parc, qui attirent énormément de monde, et le Camping Rive Bleue, également un succès.
Ici, on peut déjeuner à l’alpage, descendre en parapente et finir la journée en allant prendre l’apéro sur le lac. C’est vraiment exceptionnel!
Depuis le 1er janvier de cette année, la commune a repris l’Office du tourisme, afin de lui donner un nouveau souffle et de développer notre offre dans une optique «quatre saisons». Nous avons par exemple lancé pour la première fois la «Baignade givrée» en février dernier. Il s’agissait d’un bain dans le lac, suivi d’une fondue et d’un spectacle. Malgré des vents qui soufflaient à plus de 80 km/h et des vagues très hautes, l’événement a été un succès. Nous avons enregistré plus de 30 participants à la baignade.
Par ailleurs, Port-Valais compte plus de 140 manifestations, notamment les feux d’artifices du 31 juillet et le Swiss Peak Trail, cette course à pied mythique qui relie les sommets sur 360 km.

– L’offre hôtelière est-elle adaptée?
– Nous avons des bed and breakfast et des hébergements insolites, par exemple sur des bateaux, mais nous manquons d’hôtels. Un projet est en cours, qui pourrait aboutir d’ici trois ans environ. Il s’agirait d’un établissement de type familial.

– Quelle est la politique énergétique de la commune?
– Nous étudions la faisabilité d’un chauffage à distance utilisant l’eau du lac pour la climatisation et le chauffage.
Par ailleurs, nous avons déjà remplacé les éclairages des luminaires par des led. Nous avons aussi choisi de diminuer l’éclairage public pour le laisser à 20% de sa puissance entre 23 heures et 5 heures du matin, car cette mesure était plus économique. Un secteur test sera mis en fonction cette année.
Nous réfléchissons aussi à la possibilité d’installer des panneaux solaires sur les bâtiments communaux, mais ceux-ci étant conformes aux normes énergétiques, il n’y a donc pas d’urgence. Et nous devons également faire attention aux finances. Nous avons actuellement 728 francs de dette par habitant, ce qui est très raisonnable, et il faut rester à ce niveau.

– En tant que Président, quel est le sujet qui vous tient le plus à cœur?
– L’amélioration de la mobilité d’ici la fin de cette décennie, car des solutions existent.

 

Propos recueillis par Virginia Aubert

Pierre Zoppelletto.

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