Jean-Luc Boesiger.

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fête des maires - Jean-Luc Boesiger, Maire de Chêne-Bourg/GE

Un développement en douceur

21 Déc 2022 | Articles de Une

– L’arrivée de la gare du Léman Express a fortement modifié le visage de la commune. Comment analysez-vous cette évolution?
– Chêne-Bourg est la plus petite commune genevoise, avec une superficie de 128 hectares. Dans un territoire de cette taille, les effets du développement comme l’implantation d’une gare et la création de nouveaux quartiers sont fortement amplifiés. La gare du Léman Express a apporté un dynamisme incontestable et a fait de Chêne-Bourg un petit centre régional. Mais elle constitue également un défi urbanistique avec un changement profond du centre-ville et de l’ensemble du territoire de la commune. Dans une telle situation, on ne peut que constater que Chêne-Bourg, qui avait un côté village, est devenue plus urbaine. Plutôt que de subir ce changement, l’Exécutif de Chêne-Bourg a choisi de l’accepter et de l’accompagner au mieux.

– Ce développement a-t-il entraîné une hausse de la population? Son profil a-t-il changé?
– Nous connaissons une progression de la population, mais elle n’est pas comparable à celle entraînée par la création d’un nouveau quartier, qui s’accompagne de l’arrivée de 500 habitants, par exemple, et de 200 enfants, nécessitant notamment de nouvelles infrastructures scolaires.
A Chêne-Bourg, le développement se fait de manière plus douce, sans à-coup. C’est à la fois plus simple, parce qu’il n’y a pas d’infrastructures à construire d’urgence, et plus dur, car il faut vraiment avoir une observation fine de ce qui se passe. Il s’agit d’une observation de terrain. Concernant le type de population, un équilibre se dessine. Nous n’avons pas de quartier en voie de gentrification, pas plus que de quartier «sensible socialement».

– Quels sont les principaux projets à venir?
– Le Plan localisé de quartier (PLQ) pour le quartier de la Mousse est en force, avec de premiers projets d’aménagement pour 2023. Il s’agira d’un quartier comprenant essentiellement des logements, en zone de développement 3, mais nous avons tenu à conserver une activité économique dans cette zone jusqu’ici fortement artisanale et industrielle. Cette réflexion est aussi très présente dans le développement du quartier autour de la gare, où nous tenons à conserver une activité économique diversifiée. Il ne s’agit pas de faire uniquement des mètres carrés de bureau. Nous réfléchissons aussi à la possibilité de créer des espaces mutualisés et de nouvelles affectations pour les arcades. Les rez-de-chaussée peuvent être utilisés pour d’autres activités que les commerces classiques (projets associatifs, distribution de proximité…).
Nous disposons de peu de leviers pour la promotion économique, mais nous avons un bon réseau dans les milieux de l’entreprise, ainsi que des atouts. Une entreprise séduite va en attirer d’autres.

– Le nouveau quartier autour de la gare se distingue par la tour Opale et ses 20 étages. Quel sera le style architectural des futurs projets?
– Il s’agira de petits immeubles, au format maîtrisé de cinq étages au maximum sur rez-de-chaussée. L’objectif est d’obtenir un quartier qui fasse transition entre le centre urbain de Chêne-Bourg et le plateau de Bel-Air, principalement en zone villas. Celle-ci a du reste été menacée par une densification trop élevée de certains projets. Nous sommes très attentifs à la qualité des projets, qui doivent s’intégrer harmonieusement avec le bâti, et tenons à préserver cette zone villas, avec son tissu végétal et ses vieux vergers.
Pour les nouveaux projets, nous avons l’habitude de résumer ainsi notre position: nous voulons qu’un hérisson puisse continuer à traverser d’un terrain à l’autre sans obstacle et qu’un écureuil puisse le faire également sans avoir à descendre de son arbre.
Nous travaillons très en amont avec les développeurs immobiliers avec qui nous
entretenons un bon dialogue et des rapports constructifs. Chacun connaît les enjeux de l’autre. Pour Chêne-Bourg, il est primordial de maintenir la cohérence du territoire. C’est sur ce sujet que les autorités se prononcent et non pas sur la notion très subjective de l’esthétique d’un projet.
Un autre projet est en train de prendre forme, au cœur même de Chêne-Bourg, en partenariat avec les autorités communales, l’Etat, les développeurs immobiliers et les habitants qui le souhaitent. Nous sommes dans une démarche participative, certes plus longue, mais qui évite des blocages.
D’autant qu’il ne faut pas oublier que les projets qui prennent forme maintenant, avec les préoccupations d’aujourd’hui, reposent sur des décisions prises il y a quarante ans. Il faut donc trouver le bon équilibre et veiller à intégrer les enjeux actuels, notamment en termes de mobilité douce et d’îlots de fraîcheur.

– Les quartiers situés à proximité des gares sont traditionnellement «sensibles». La commune est-elle confrontée à des problèmes de sécurité?
– Effectivement, c’était l’une de nos craintes. Nous avons donc choisi de placer la police municipale au cœur du développement de ce nouveau quartier, ainsi que les travailleurs sociaux hors murs (TSHM), qui se sont installés dans l’ancienne maison du garde-barrière. Nous nous appuyons également sur la Maison de quartier, laquelle fait un travail vraiment extraordinaire depuis de nombreuses années, qui contribue beaucoup à l’intégration des nouveaux habitants.
Pour le moment, la commune n’a pas connu de grosses crises, alors que sa population est passée de 3500 habitants il y a quarante ans à pratiquement 9000 aujourd’hui. La présence du Centre sportif de Sous-Moulin est aussi un atout en matière de cohésion sociale. Il y a une offre vraiment extraordinaire, surtout pour les jeunes.
La commune est aussi très active sur le plan culturel. Nous avons pour slogan: «On vous apporte la variété culturelle à deux pas de chez vous». Avec un budget culturel modeste chaque saison, il faut être imaginatif. Nous misons donc sur le local, avec une petite salle dotée d’une belle image dans le domaine de la culture.

Une commune qui ne cesse de se développer…

– Quelle est votre politique en matière de développement durable?
– C’est un sujet qui nous tient à cœur. Chêne-Bourg vient d’obtenir le renouvellement de son label Cité de l’énergie et, depuis longtemps, le parc automobile de la commune est électrique. Nous avons aussi établi un recensement de tous les espaces verts et mis en place de nombreuses petites mesures, telles que conserver un carré de prairie ou installer un hôtel à insectes. La commune valorise aussi beaucoup la renaturation de la Seymaz, lieu de promenade très apprécié.
Chêne-Bourg mise aussi sur un développement économique durable, en souhaitant attirer des entreprises à forte valeur intellectuelle – nous avons par exemple un pôle très dynamique autour du livre, avec la présence des éditions Zoé, Georg et de la Baconnière – mais aussi des sociétés dont les activités ont besoin du train ou du vélo, étant donné que nous sommes à côté de la Voie verte.
Nous avons installé une station de vélos en libre service à la gare et nous constatons que le tandem vélo-train fonctionne bien. La prochaine ligne de bus, qui ira de Veyrier à la gare, va également attirer beaucoup de gens qui comprendront vite à quel point cette liaison est
pratique.

 

Propos recueillis
par Virginia Aubert

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

La création de la gare du CEVA (Léman Express) à Chêne-Bourg a apporté à la commune genevoise une nouvelle vitalité, faisant d’elle un petit pôle régional. Parallèlement, la commune voit son territoire se transformer sur les plans urbanistique et architectural, tout en accueillant une population en augmentation régulière. Des changements que les autorités communales ont fait le choix d’accompagner et non de subir, comme l’explique Jean-Luc Boesiger, maire PS de Chêne-Bourg.

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