Le froid, un atout touristique!

– Comment a évolué la commune au cours des dernières années?
– Bien! Nous avons une population stable, même si nous souhaiterions la voir augmenter un peu. Malheureusement, notre situation géographique éloignée des villes et notre climat découragent peut-être de potentiels nouveaux habitants. Par ailleurs, nous n’avons plus de terrains à bâtir intéressants et pour le moment, nous sommes un peu coincés de ce côté-là. Le prix de l’immobilier reste bas et les investisseurs sont… frileux. Nous sommes pourtant une commune dynamique et attrayante.
En 2015, par exemple, nous avons installé le chauffage à distance. Le début du projet remonte à 2009, à l’époque où la commune cherchait une solution pour remplacer le vieux chauffage au mazout de plusieurs bâtiments publics. Des commerces et des particuliers étaient dans la même démarche, ce qui a donné lieu à la création de la Société coopérative de chauffage à distance au bois de La Brévine. Celle-ci a assuré le financement, ainsi que la réalisation des travaux, pour un budget total de 5,9 millions de francs et elle gère les infrastructures. Il s’agit d’un contrat de location-vente pour le bâtiment, construit par la commune avec un coût de 1,2 million; la société en sera propriétaire à l’horizon 2047. Le projet de chauffage à distance a été très bien accueilli par les habitants, malgré les coûts de raccordement importants, et aujourd’hui tout le monde est satisfait.
Le chauffage est alimenté avec le bois de déchiquetage provenant des forêts environnantes, surtout des sapins et des épicéas.
Toujours dans une démarche d’économie d’énergie, nous envisageons de rénover le toit du centre sportif et d’y installer des panneaux solaires.

– Avec les risques de pénurie énergétique cet hiver, la commune a-t-elle mis en place des mesures particulières?
– Nous limitons l’éclairage public dans la mesure du possible, mais notre marge est limitée. Nous possédons le carrefour le plus important de la vallée et celui-ci doit être éclairé pour des raisons de sécurité. Nous éteignons de minuit à 5 heures du matin, mais il n’est pas possible d’aller au-delà de cette tranche horaire. Par ailleurs, même si nous avons plusieurs magasins dans le village, les vitrines ne sont pas beaucoup allumées.
Nous avons la chance de compter une dizaine de commerces à La Brévine et d’être pour les autres villages des alentours un petit centre où l’on trouve tout. Nous avons même un bureau de poste! Les gens des environs viennent faire leurs paiements ici pour ne pas avoir à faire la queue dans les villes.

– Comment expliquez-vous ce dynamisme?
– Probablement en raison de l’éloignement de la commune, car nous sommes à 15 kilomètres du Locle et du Val-de-Travers; les habitants ont besoin d’avoir l’essentiel à proximité. Nous avons aussi une quarantaine de petites entreprises, actives surtout dans le secteur de la construction. Je pense que le goût pour l’entrepreunariat est hérité des racines agricoles de la région. Quand on est agriculteur, on est indépendant.

– Qu’en est-il des infrastructures scolaires?
– Nous disposons d’une école bien occupée qui accueille, de la 5e à la 8e année, tous les enfants de la vallée, c’est-à-dire des villages de Cerneux-Péquignot, de la Chaux-du-Milieu et, bien sûr, de La Brévine.
Pour le moment les infrastructures sont adaptées, mais suivant l’évolution future du système d’écolage, nous pourrions être appelés à construire un nouveau bâtiment.

La Fête du Froid connaît un succès grandissant à la Brévine, qui détient le record suisse à ce jour avec -41,8o en hiver 1987.

– La commune se situe à la frontière française. Cette situation entraîne-t-elle des problèmes de circulation?
– Effectivement et nous allons construire aux entrées du village de La Brévine des îlots, afin de limiter la vitesse des automobilistes et nous appliquerons le 30 km à l’heure à l’intérieur du village.

– Vous avez réussi à faire un atout touristique des températures largement en dessous de zéro que connaît La Brévine.
– Nous avons imaginé en 2011 la Fête du Froid, qui se déroule chaque année le premier week-end de février. Cette manifestation connaît un succès grandissant, avec une foule de visiteurs de tous les âges qui viennent aussi bien de Suisse romande que de Suisse alémanique. C’est une fête très réputée, à l’ambiance chaleureuse, avec toute sorte d’expériences en rapport avec le froid, par exemple une trempette dans le lac des Taillères ou une installation pendant quelques minutes dans une armoire frigorifique. Le programme de 2023 n’est pas encore complètement arrêté, mais il y aura des animations au Village du froid, une snow party avec ski de fond et raquettes et la disco du froid. Et bien sûr, tous les restaurants de la vallée proposent la fondue Chaux-des-Taillères avec lardons et échalotes, servie dans un pain spécial.
De manière générale, les manifestations organisées dans la commune ont du succès. Début décembre, nous avons fêté la Saint-Nicolas avec quelque trois cents personnes, dont plus de la moitié d’enfants.
Nous avons aussi – en été – deux manifestations, la mi-été organisée sur trois jours par le Ski-club de La Brévine, ainsi que la Tracto-Mania, qui réunit pendant deux jours des tracteurs et des machines agricoles d’autrefois.
Enfin, en juin prochain, nous devrions accueillir au parc des Taillères la première édition d’un triathlon.

– L’offre hôtelière est-elle adaptée?
– Oui. En 2020, nous avons rénové pour un budget de deux millions l’établissement de l’Hôtel-de-Ville, dont la commune est propriétaire. L’hôtel, qui compte huit chambres et un restaurant, a été refait dans un style contemporain.

Propos recueillis par
Virginia Aubert