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Star de télévision et agent immobilier

Stéphane Plaza, acteur de son destin

12 Oct 2022 | Articles de Une

C’est un des noms et des visages les plus connus de ce qu’il est coutume de nommer le paysage audiovisuel français. Animateur de nombreuses émissions de télévision (Maison à vendre, Mieux chez soi, Recherche appartement ou maison, Tout changer ou déménager…), ami et complice de Laurent Ruquier qui a repris les Grosses Têtes de Philippe Bouvard sur RTL, Stéphane Plaza est aussi copropriétaire d’un réseau de 700 agences immobilières qui portent son nom et sera sur les planches du Théâtre du Léman à Genève, les 25 et 26 octobre, pour jouer «Un couple magique».

 «Un couple magique». Stéphane Plaza et Jeanfi Janssens s’en donnent à cœur joie dans cette pièce de boulevard; c’est l’histoire d’un magicien qui rate l’essentiel de ses tours. Très amoureux de son assistante Claudine, il découvre que son agent artistique souhaite l’évincer pour la remplacer par son petit ami. Il va devoir multiplier les tours de passe-passe pour sauver la place de celle qu’il aime.

Mais comme si cela ne suffisait pas, l’homme-orchestre de 52 ans prépare de nouvelles émissions, pilote lui-même son compte Instagram, soutient activement des associations et organise ses journées sans recourir à un agenda électronique, ni à un ordinateur. «Le temps, c’est la plus belle chose qui existe et donner du temps le plus beau cadeau que l’on puisse faire. Mais le temps ne se rattrape pas. Pour ne pas le perdre, je me suis inspiré de la rigueur de mon sportif de père, coureur cycliste professionnel. Là, pour ma pièce à Genève, je me suis imposé une vraie discipline: pas d’alcool, par exemple. Et comme je vieillis, j’ai moins besoin de dormir…», dit celui qui avoue aussi avoir longtemps eu chez lui une fausse cuisine – «Je suis un peu maladroit, alors je préférais ne pas brancher les appareils, de peur de mettre le feu».

L’écoute et la mémoire

La réussite du réseau d’agences Plaza Immobilier n’est pas due au hasard: à 18 ans, Stéphane démarrait sa carrière d’agent immobilier, tout en pratiquant déjà le théâtre. Avant son coup de foudre réciproque avec la chaîne M6, il a accumulé des années de pratique. On ne s’improvise pas courtier immobilier et il faut autant d’expérience que de talent pour rendre une visite de maison ou d’appartement télévisuelle. Quelles sont les qualités d’un bon agent immobilier, selon celui qui incarne cette profession aux yeux d’un nombre gigantesque de téléspectateurs? «En fait, pour le théâtre comme pour l’immobilier, il faut faire preuve d’écoute, comprendre quel est le projet de vie du client, l’attente du spectateur. Ensuite, il faut du tact et une bonne mémoire, là encore dans les deux métiers: on doit s’intéresser vraiment à l’autre, créer la confiance, mémoriser l’essentiel. Un courtier immobilier doit demander des nouvelles de la famille de son client, se rappeler ses préférences; un acteur doit non seulement savoir son texte, mais aussi celui de ses collègues, pour interagir avec eux». Stéphane Plaza a horreur du prompteur «qui donne des airs de robot et un regard fixe».
Le réseau d’agences – qui appartient à 51% à M6 et à 25,5% à Stéphane Plaza, le reste à un de ses deux associés historiques – a débuté en licence de marque, puis en franchise. Un quart des franchisés sont des agents immobiliers qui ont choisi de bénéficier de l’image de chaleur humaine et de dialogue que véhicule le personnage; les autres se sont lancés directement ou ont carrément changé de profession. «Il y avait une quinzaine d’années qu’aucun réseau n’avait été créé en France. Ces trois dernières années, nous avons connu une croissance rapide, les agences cartonnent», sourit Plaza, qui s’est naturellement interrogé sur une éventuelle extension suisse. «Mais les lois sont différentes, y compris entre les cantons, et la mentalité aussi. En France, on veut être propriétaire; en Suisse, même si on le souhaite, les prix de l’immobilier et le confort du statut de locataire limitent les élans. Pourtant, en trouvant les bons partenaires, dans deux ou trois ans, on pourrait imaginer un réseau helvétique!».

Des émissions, une pandémie, et encore des projets

D’autres chantiers – dans tous les sens du terme – attendent cependant celui dont M6 dit qu’il a «les mains en or»; la chaîne s’est trouvée bien inspirée de soutenir les projets. Une nouvelle émission tournée vers les enfants (qui devront choisir les teintes et certains aménagements d’une redécoration complète de leur logis, tandis qu’un des deux parents ignorant tout du complot sera en voyage durant quatre jours) débutera ce mois-ci. Une nouvelle quotidienne est aussi en préparation. Plaza produira même une émission sur une autre chaîne, avec l’assentiment de M6! C’est dire si personne ne semble résister au charme de celui qui ne fait pas de politique, mais confesse un certain agacement face à ceux qui veulent imposer une vision négative de sa passion, l’immobilier. «Il faut agir pour la planète, éduquer les générations suivantes à la respecter, ce que nous n’avons pas su faire. Mes messages sont clairs à ce propos. Mais il faut aussi admettre que l’être humain vive du fruit de son travail, ait un lieu de refuge et de repos confortable, pour lui et les siens. Les interdictions et les ordres ne conviennent pas, il faut convaincre avec tact et mesure».

Pandémie traversée

Durant la pandémie, Stéphane Plaza a refusé de tourner, alors même que des dérogations lui étaient proposées. «Je ne voulais pas de traitement de faveur pour nos émissions. Cela m’a fait du bien de ralentir un peu, de ne plus courir vers l’infini, de retrouver l’importance de la santé. L’immobilier, en général, a su s’adapter». Serein, notre interlocuteur estime que la télévision n’est pas un univers plus délétère que les autres: «J’y ai trouvé une grande amie, Karine Lemarchand; il y a des rivalités et des jalousies, mais pas davantage que dans n’importe quelle entreprise ou administration! Je ne suis pas un fan du modèle américain, mais les Anglo-Saxons ont un immense atout par rapport aux Français et à quelques autres peuples: s’ils voient quelqu’un réussir, ils cherchent plutôt à l’imiter qu’à le démolir». Plein de bon sens, l’agent immobilier hors norme règle vite le compte des courtiers à bon marché et autres manieurs d’algorithmes promettant des transactions (presque) sans commission, qui fleurissent de nos jours: «Ils ne font pas le même métier que les professionnels. Le public a le droit de vouloir payer moins, mais il n’aura ni la compétence, ni l’écoute, ni le service… et il y perdra bien plus».
Stéphane Plaza est un homme de terrain, les pieds sur terre. C’est paradoxalement pour cela qu’il affirme volontiers que «les maisons me parlent. Je sais que Robert Redford murmurait à l’oreille des chevaux, moi je discute avec les murs, les parquets, les toits. Il y a des vibrations, des ondes positives ou non dans une demeure. Elle garde la mémoire des émotions de celles et ceux qui y ont vécu. Il m’est arrivé de renoncer à une transaction parce que je ne pouvais pas supporter de rester à l’intérieur de la maison».

 

Propos recueillis par Thierry Oppikofer

Théâtre du Léman à Genève,
les 25 et 26 octobre.

 

Théâtre Beausobre à Lausanne,
les 1er et 2 novembre.

 

Théâtre du Martelet à Saint-Maurice,
le 3 novembre.

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