Honda e
Stabiliser le réseau grâce à sa voiture électrique
Utiliser les voitures électriques stationnées pour stocker ou restituer de l’électricité en fonction des besoins: voilà le rêve de tout exploitant de réseau électrique! Honda, la société d’autopartage Mobility et cinq autres entreprises s’associent autour d’un projet pilote en Suisse.
L’idée tombe plutôt à pic, en ces temps où l’approvisionnement électrique est au cœur des débats. Mais l’idée d’utiliser les voitures électriques pour stabiliser le réseau électrique ne date pas d’hier. Elle est presque concomitante avec l’arrivée des premiers modèles, à tout le moins chez les constructeurs japonais et certains fournisseurs d’électricité. Car ces derniers doivent relever une gageure, assurer en temps réel l’équilibre entre la production et la consommation d’électricité. Dans un monde idéal, les voitures électriques joueraient le rôle de «tampon», tantôt accumulateurs tantôt fournisseurs d’électricité en fonction des besoins. Un concept particulièrement pertinent lorsqu’il s’agit de lisser la production et l’utilisation d’électricité d’origine renouvelable telles que les éoliennes, par définition grandement tributaires de la météo.
Plus compliqué qu’il n’y paraît
Si l’idée paraît simple, sa mise en œuvre l’est moins. Pour que le concept fonctionne, il est nécessaire que les véhicules supportent la charge bidirectionnelle, autrement dit qu’ils aient la capacité de charger leur batterie et réinjecter l’électricité sur le réseau au travers de la même prise. A ce jour, seuls la Honda e, les Nissan Leaf et e-NV200 et les hybrides rechargeables Eclipse Cross et Outlander de Mitsubishi disposent de cette technologie. En outre, les batteries de voiture vieillissent à chaque processus de charge/décharge. Utiliser la batterie comme tampon sur le réseau, l’use de la même manière que la charger et la décharger en roulant. Enfin, il s’agit aussi de définir à quel moment la voiture peut être à disposition sur le réseau, car il n’y a rien de plus détestable que se retrouver avec une batterie vide au moment de devoir utiliser la voiture pour un trajet.
Le projet V2X Suisse
Afin de confirmer ou infirmer la faisabilité du concept en conditions réelles, Mobility, Honda et cinq autres sociétés se sont associés sous la bannière «V2X Suisse». Le projet reçoit également le soutien de l’Office fédéral de l’énergie. Concrètement, 50 Honda e sont mises à disposition de Mobility et de ses membres pendant un an, sur une quarantaine de sites. Leur utilisation permettra de jauger les différentes possibilités de relier le véhicule à des utilisations électriques annexes: V2G (Grid) pour stabiliser le réseau électrique, V2H (House) pour l’alimentation domestique, V2V (Vehicle) pour alimenter un autre véhicule électrique et V2U (Utility) pour alimenter des appareils électriques.
Avec une capacité de batterie de 34,4 kWh chacune, les 50 Honda e offrent une capacité totale de 1720 kWh, qui correspond environ à 50% de la consommation d’électricité annuelle d’un ménage de deux personnes. L’étendue du projet semble modeste, mais visiblement suffisante pour les besoins d’évaluation.
Si la phase de test d’un an aboutit de manière favorable, les 50 Honda e seront intégrées de manière permanente au dispositif.
Jérôme Marchon