Philosophie immobilière

Faire défiler au pas les beaux uniformes, la riche passementerie, les casquettes à plumes colorées, les galons dorés, les souliers cirés et brillants, les guêtres blanches à boutons d’apparat, les trompettes, les cuivres et les tambours, cela demande rigueur et discipline. Au doigt et à la baguette, aucune erreur de partition. Les noires et les blanches, à portée de clef de sol, de fa ou d’ut. On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé. La Place Rouge, les Champs-Elysées, la 5e Avenue, les Arènes d’Avenches, Windsor et plus encore. L’Art Militaire a ses apparats. La foule applaudit, crie bravo, c’est magnifique. Pour l’heure, pas de fleur au fusil. Monsieur le Président je ne veux pas la faire, je ne suis pas sur terre pour tuer de pauvres gens. Merci Boris Vian de nous le rappeler, la musique est jolie, mais cela cache quoi? En ces temps excités, ayons l’audace de dessiner au crayon sur du papier des colombes de la paix par milliers. Ayons la joie de regarder les nuages passer, la pluie tomber, le soleil rayonner, la lune et les étoiles nous éclairer. La vie humaine est un cadeau, pas une corvée ou une punition. «Stars and stripes», Radetzky, Marignan, la Marche du Général Guisan, qu’elles sont entraînantes, les mélodies de la parade!
Une, deux, une, deux, une, deux. Un pas après l’autre, on va de l’avant. Fanfares et flonflons, en ordre de mission, vers un monde meilleur, sans armes ni canons. Y’a de la joie, bonjour, bonjour les hirondelles, on peut réfléchir, on peut rêver. Surtout on peut lâcher prise. Se laisser emporter vers les mondes enchantés; c’est à l’oreille d’imaginer, d’interpréter. Alors comme chanté par Jean-Jacques, quand la musique est belle, belle, belle… Au pas camarade, vivre, c’est participer au défilé. 

Pécub