Latin Trio.

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Spectacle autour de Piazzolla

L’exil, fabuleux vecteur de création

6 Avr 2022 | Culture, histoire, philosophie

La vie de l’Argentin Astor Piazzolla est racontée en musique dans une production de la Compagnie «Les Muses nomades», mise en scène par Philippe Cohen.

Pianiste virtuose, Oriane Joubert n’a jamais considéré la curiosité comme un vilain défaut. Et on l’aime – aussi – pour ça. Après un spectacle en 2021 consacré à Beethoven, la directrice artistique de la Compagnie «Les muses nomades» est en pleins préparatifs d’une nouvelle production: «Volver ou Piazzolla, le tango de l’exil», mise en scène par Philippe Cohen.
En espagnol, «Volver» signifie «revenir». Le retour aux sources, c’est un peu l’histoire d’Astor Piazzolla (1921-1992), précurseur et principal représentant du tango d’avant-garde. Fils d’immigrés italiens né en Argentine, Astor Piazzolla a suivi ses parents à New York à l’âge de quatre ans ans. Le petit en a huit quand son père, passionné de tango, lui offre un bandonéon. L’enfant, bagarreur mais passionné de jazz et qui apprend le piano, veut pour sa part devenir musicien classique et compositeur comme Bach, Bartók, Ginastera ou Gershwin. Au final, il révolutionnera le tango avec des compositions immortelles telles «Libertango» ou «Adiós nonino». «C’était le Mozart du tango», sourit Oriane Joubert.

Ouverture et influences

Dans un XXIe siècle où les mouvements de population sont nombreux, on le voit tous les jours, le Latin Trio questionne et ouvre une fenêtre sur le passé. De fait, de nombreuses influences ont façonné Piazzolla. Et c’est justement ce qui interpelle dans ce concert spectacle où le Latin Trio, composé d’Oriane Joubert, Tomas Hernandez-Bages et Mario Castañeda Nader, s’est associé à l’accordéoniste et bandonéoniste Gaëlle Poirier et au chanteur, arrangeur et guitariste argentin Narciso Saùl. Le spectacle aborde le thème de l’exil comme vecteur de création et source de renaissance. La vie controversée du compositeur argentin pose les bases de ce nouveau concert, sans pour autant aller vers une rétrospective. «Nous avons voulu raconter la métamorphose du tango à travers l’histoire et les influences de Piazzolla», explique Oriane Joubert. Nous assumons d’être des musiciens classiques et non des tangueros!».

Le Duo de tango Narciso Saùl et Gaëlle Poirier.

Mise en images

Le mélange des musiques traditionnelles à la musique dite «savante» est mis en étroite relation à la création d’un univers sonore urbain où les musiciens parlent, chantent, grattent, frappent, grincent, zinguent, ouvrant ainsi une dimension vibrante et vivante à l’histoire qu’ils racontent sur la scène du théâtre des Grottes. La lumière, savamment travaillée par le metteur en scène Philippe Cohen, se mêle aux sons et à la musique des artistes. «C’est ma première mise en image», confie le metteur en scène genevois, qui assure le fil rouge de ce voyage entre l’Argentine, les Etats-Unis et la France.
Le spectateur voyage dans les villes mystérieuses et flamboyantes de Buenos Aires, New York et Paris, qui apparaissent à travers d’incandescentes fresques colorées et sonores. Il plonge dans un monde de sensations, entre sons, musiques classiques et populaires, vibrations et lumières. Il ressort saisi de son voyage, avec l’envie d’y revenir. «Volver».

 

Valérie Duby

 

Du 8 au 10 avril, Théâtre des Grottes,
43, rue Louis Favre, 1201 Genève.
Infos sur: www.orianejoubert.com/volver
Réservations: lesmusesnomades@gmail.com
Tél. +41 77 503 84 84
Entrée: CHF 22.- / CHF 16.- (AVS,AI, Chômeurs)
CHF 12.- (Etudiants et moins de 20 ans).

GROS PLAN

Table ronde

 

Le samedi 9 avril 2022, la représentation sera suivie d’une table ronde autour du thème «musique(s) en exil», dirigé par Orphée Mouthuy, traductrice et spécialiste de la migration. Le dimanche 10 avril, la représentation de 11 heures sera adaptée aux familles, avec un spectacle plus court à l’issue duquel les enfants pourront découvrir les instruments tels que le bandonéon ou l’accordéon.
En parallèle des représentations publiques, un partenariat a été mis sur pied avec l’école ACCES II à Genève, qui permet l’insertion scolaire et professionnelle des jeunes migrants à Genève. Le projet est d’offrir deux représentations scolaires, ainsi qu’un espace d’expression et d’échange, autour du thème «musique(s) en exil».