«Faire le tri et mettre de l’ordre, explique Anna, ce n’est pas du tout un pensum, mais une manière de se faciliter la vie».

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L’art de vivre chez soi

Anna Lascols: «Comment désencombrer et réorganiser sa maison»

16 Fév 2022 | Articles de Une

Elle travaillait dans le domaine financier, mais a changé de voie il y a quatre ans pour devenir coach en rangement ou «home organizer», comme on dit. Jeune femme vive et passionnée, très drôle, Anna Lascols aide ses clients, des personnes privées aussi bien que des entreprises, à remettre de l’ordre dans leur appartement ou sur leur lieu de travail. «Un exercice de légèreté et de liberté», dit-elle.

«L’ordre, le plus beau mot de la langue française», s’exclamait le regretté Claude Wehrli, professeur de grec et de latin du Collège Calvin, il y a près d’un demi-siècle. L’ordre, c’est ce monde imaginaire où l’on retrouve immédiatement le dossier dont on a besoin, les jouets des enfants, la télécommande, la clef de la voiture… Anna Lascols a découvert, il y a quatre ans, la nécessité et les avantages du rangement. «Ma troisième fille venait de naître, j’étais un peu surmenée, je me sentais débordée, avec beaucoup de choses à faire à la maison. J’ai lu le best-seller de la Japonaise Marie Kondo, «La magie du rangement», et ça m’a redonné toute mon énergie».
Devenue «home organizer», une profession en train de se muer en un véritable phénomène de société, au point que le quotidien français «Le Monde» lui a consacré un reportage il y a quelque temps, Anna Lascols explique donc à ses clients comment désencombrer, puis réorganiser leur espace de vie, que ce soit chez eux ou dans leur cadre professionnel.

Ranger, une philosophie

«Faire le tri et mettre de l’ordre, explique Anna Lascols avec son enthousiasme et son sourire contagieux, ce n’est pas du tout un pensum, mais une manière de se faciliter la vie. J’applique la méthode de Marie Kondo, qui est très simple. Le principe de base, c’est que chaque objet doit avoir sa place. Au lieu d’empiler les objets un peu partout et au hasard, ce qui fait qu’on ne retrouve jamais rien, il faut attribuer une place à chaque objet. C’est un exercice pratique, mais aussi mental: on organise le monde autour de soi, on crée de la place chez soi et dans sa tête».
Il s’agit au fond, en reprenant le contrôle de son espace de vie, de reprendre le contrôle de sa vie. Trier, jeter, classifier, ranger, ordonner… Tout cela implique de repenser ses priorités et de faire des choix. «C’est une philosophie, dit-elle. Les gens se posent de plus en plus de questions sur l’équilibre de leur vie, sur la manière dont ils veulent vivre, dans quel environnement. On a toujours tendance à s’encombrer d’objets inutiles, il faut apprendre les bons réflexes pour ne pas être submergé».

Faire le tri dans ses souvenirs

Coach en rangement mais aussi en développement personnel et en gestion du temps, Anna Lascols commence par écouter ses clients. «Je me rends sur place, on regarde, on définit les objectifs. Les gens ont toujours une énergie positive et une vraie envie de changement. Ils se posent tous les mêmes questions: qu’est-ce que je veux dans ma vie? Qu’est-ce que je veux garder et qu’est-ce que je veux changer? Est-ce que je veux conserver telle ou telle photo, tel ou tel cadeau? Il y a tout le rapport au passé qui s’inscrit dans une maison, tous les souvenirs».
Dans la clientèle d’Anna Lascols, une majorité de femmes qui surfent du matin au soir entre la famille et le travail, et qui se sentent stressées et débordées. «En général, elles veulent réorganiser toute la maison, mais on peut aussi se limiter à une seule pièce, la salle de bains, la cuisine, la chambre des enfants, la bibliothèque. Les demandes sont très différentes d’une personne à l’autre. Pour le rangement, les femmes commencent souvent par les vêtements, qui prennent beaucoup de place. Ou alors par la porte d’entrée, le vestibule».

Anna Lascols aide ses clients à remettre de l’ordre dans leur appartement ou sur leur lieu de travail.

Le télétravail

Depuis l’apparition de la Covid, il y aura bientôt deux ans, une nouvelle pièce – qui n’a pas encore de nom! – suscite toutes les interrogations: la pièce pour le télétravail. Où l’installer? Comment l’aménager, l’organiser, la ranger? «Certains clients ont des pièces dédiées, donc c’est assez facile, explique Anna Lascols, mais il faut le plus souvent créer un petit coin où l’on puisse travailler sans être dérangé et de façon agréable. Cela peut être dans le salon, dans une chambre à coucher, parfois dans la cuisine… C’est un défi!».
Les demandes de chaque personne étant très différentes, il est difficile d’articuler un prix précis, mais on peut donner un ordre de grandeur. «Pour désencombrer et réorganiser complètement un appartement genevois standard, dit Anna Lascols, il faut compter un minimum de 30 heures. Quand je vais chez un client pour la première fois, le tarif est de 100 francs l’heure, mais je propose ensuite des forfaits: pour 30 heures, c’est 80 francs par heure, donc 2400 francs au total; pour 15 heures, c’est 90 francs l’heure (1350 francs au total)… Les clients me disent que leur investissement est vite rentabilisé, parce qu’ils prennent l’habitude d’acheter moins et d’utiliser ce qu’ils ont déjà. En désencombrant leur appartement, ils se rendent compte qu’ils n’ont pas besoin d’acheter tout le temps de nouvelles choses».

 

Robert Habel

GROS PLAN

«Le rangement a changé ma vie»

 

Elle était journaliste, elle est aujourd’hui coach et formatrice en entreprise. Originaire de l’Ontario, Jenny Clarke habite en Suisse depuis treize ans. Divorcée récemment, elle a deux petits garçons de 6 et 8 ans. «Je suis une personne très organisée, explique-t-elle, et je passais beaucoup de temps à ranger l’appartement. Anna Lascols m’a aidée à repenser les choses de manière plus simple et rationnelle. Je peux dire sans exagérer que cela a changé ma vie, d’autant que c’était juste avant la Covid, où l’on a passé davantage de temps à la maison».
Jenny Clarke s’est concentrée sur deux pièces, la cuisine et le bureau. «Ma cuisine est très petite, mais en attribuant une place à chaque objet, on élargit l’espace. Pour mon bureau, je me suis rendu compte que je gardais trop de dossiers inutiles. J’ai aussi enlevé des objets qui me rappelaient mon ex-mari, des photos, des sculptures africaines. Faire de l’ordre, c’est aussi un relâchement émotionnel, cela donne une énergie plus légère et on se sent plus disponible pour les autres».
Les deux garçons de Jenny Clarke ont déjà appris les bons réflexes: «On a organisé tous leurs jouets par types, les puzzles, les voitures, les livres; on a fait la même chose pour les vêtements: les t-shirts, les pantalons, les pulls… Ils peuvent tout trouver eux-mêmes».

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