Marc Kilcher.

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Marc Kilcher, maire de Thônex/GE

Mixité sociale plutôt que gentrification

9 Fév 2022 | Articles de Une

– La création du nouveau quartier de Belle-Terre marque une nouvelle étape dans le développement de Thônex. Comment se vit-elle?
– Thônex est une ville périurbaine, une passerelle sur la frontière entre la Suisse et la France, qui fut longtemps la plus grande zone villas de la région Arve-Lac. Depuis dix ans, la population augmente et elle devrait atteindre quelque 23 000 habitants d’ici 2025. A elle seule, la première étape de la construction du quartier de Belle-Terre représente 680 logements, soit environ 1500 habitants, dont les premières installations ont débuté en novembre dernier et devraient se terminer en 2022. Pour la commune, le défi est de conserver la qualité de vie existante et d’accueillir les nouveaux arrivants au fil des années.

– Comment cela se traduit-il?
– Il y a de nombreux éléments à citer, mais par exemple, nous avons ouvert une école dans le quartier de Belle-Terre pour un montant de 53 millions de francs et nous avons investi plus de 35 millions dans les aménagements publics dans cette zone de la commune. Nous avons aussi engagé des projets d’aménagement au centre de la commune, dont notamment une rénovation de nos parcs urbains, afin de créer le lien entre le nouveau quartier et les autres. Nous avons aussi entrepris de baptiser huit parcs qui n’avaient pas de noms officiels définis, comme le parc des Deux-Communes, pour leur donner les noms de personnalités. Par ailleurs, nous allons publier un livre sur l’ensemble des noms de parcs et de rues de Thônex, y compris ceux de Belle-Terre.

– La nature est-elle un facteur d’intégration?
– En tout cas, elle joue un rôle dans le processus. L’année dernière, nous avons remporté le concours Nature en ville avec le projet «Les jardins partagés de Thônex », lancé au début 2021 par le service de l’Espace public de la ville. Il s’agit de potagers participatifs, pédagogiques, et de zones de culture en libre cueillette. L’objectif est de permettre aux habitants de se réapproprier les espaces publics. Thônex est devenu une ville dense, il est indispensable d’y intégrer de la nature. Cependant lorsque nous avons lancé le projet, nous redoutions un peu d’être confrontés à des actes d’incivilité, ce qui n’a absolument pas été le cas. Le succès est tel que nous allons poursuivre le projet.

La mairie de Thônex.

– Faut-il craindre, avec le développement immobilier de Thônex, une certaine gentrification de la commune?
– Non, Thônex n’a pas vocation à devenir Vandœuvres! La population appartient majoritairement à la classe moyenne et nous en sommes fiers. Elle a choisi de s’installer à Thônex en raison de sa proximité avec Genève, des infrastructures – crèches, écoles, patinoire, centre commercial… -, des bons transports en commun et de l’offre culturelle. Nous sommes aussi la première ville de l’Est genevois, la porte sur la vallée de l’Arve, sur la Haute-Savoie et sur le Grand Genève de ce côté du Rhône. Du reste, la Chambre de commerce et d’industrie France-Suisse (CCIFS) ne s’y est pas trompée, puisqu’elle a quitté la ville de Genève pour ouvrir son centre d’affaires, «Le Booster», dans un nouvel immeuble construit à Thônex il y a deux ans. Donc nous ne ciblons pas des catégories professionnelles précises, mais d’abord des gens qui ont envie de s’installer, pour certains de devenir propriétaires et pour la majorité, je l’espère, de s’investir dans leur commune d’accueil.
A noter que pour le quartier de Belle-Terre, nous avons bénéficié d’une répartition des logements particulière, constituée d’un quart de PPE, un quart de logements d’utilité publique, un quart de loyers libres et un quart de logements subventionnés. Cette typologie nous offre une très bonne mixité sociale.

– Vous évoquiez l’offre culturelle. Celle-ci va-t-elle encore se développer?
– Nous avons un partenariat historique avec Opus One, qui nous a permis de proposer une offre importante. Nous espérons le poursuivre dès que nous sortirons de la crise de la Covid. Nous menons aussi différents projets culturels et historiques, comme la création d’un chemin mémoriel que nous préparons pour ce premier semestre. Il s’agit d’un parcours retraçant l’histoire de la frontière lors de la Seconde Guerre mondiale, le passage des réfugiés, le marché noir, la vie difficile des paysans dans la région.

– Quels sont les prochains défis pour Thônex?
– Citons le trafic pendulaire, qui reste important malgré l’impact positif sur la circulation apporté par le Léman Express et la Voie verte, et la question de la sécurité. Il existe une petite délinquance régionale, à cheval sur la frontière, contre laquelle nous souhaitons voir le Canton adopter un rôle plus actif et plus fort. Malheureusement cela ne semble pas se faire, par manque de moyens et de ressources.
Nous avons lancé de notre côté plusieurs initiatives à notre échelle, dont notamment, au printemps 2021, une campagne de sensibilisation sur la mise en place de standards minimum en matière de sécurisation des allées d’immeubles. Le projet, qui a été lancé en phase test dans le quartier des Deux-Communes, a pour objectif d’encourager les régies et les propriétaires à améliorer la sécurité des allées et des espaces communs des immeubles locatifs. Au cours de l’été dernier, une vingtaine d’allées d’immeubles ont été analysées par la police municipale, permettant ainsi d’attribuer des points selon les mesures de sécurité définies. Les meilleures allées sécurisées recevront une distinction en mai 2022 pour récompenser les investissements consentis en matière de sécurité. La première va être prochainement décernée à l’allée d’un immeuble géré par la Société Privée de Gérance (SPG).

 

propos recueillis par Léa Tremblay

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Sous les feux de la rampe ces dernières années avec la création du quartier de Belle-Terre, l’un des dix grands projets d’urbanisation du canton de Genève, la commune de Thônex connaît un développement important. Cette commune, située à la frontière entre Genève et la France, est depuis le Moyen Age étroitement liée à l’histoire de notre République et de la Savoie. «Autrefois, Gaillard, notre commune partenaire en Savoie, et Thônex faisaient partie de la même paroisse», rappelle Marc Kilcher, maire de Thônex. Une proximité géographique, économique et culturelle qui se vit au quotidien. L’édile estime que la commune doit aujourd’hui faire face à l’importante augmentation de sa population en l’intégrant harmonieusement.

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