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Philosophie immobilière

Chaud la Planète et froid de canard

2 Fév 2022 | Culture, histoire, philosophie

Les méthodes de méditation de Pyrrhon le Vertueux, vivant dans la solitude, à l’écart du monde des beaux discours, à l’écart des besoins de consommation des vaniteux, à la recherche d’une connaissance socratique de soi-même, amènent dans la modernité actuelle à une nécessité de transformation des modes et usages du bien-vivre.

Il n’y a pas Pyrrhon qui vaille, diront les «y’a qu’à» et les «pas plus ceci que cela». Et pourtant, l’existence dans la simplicité n’est pas inhumaine. La plupart des choses devenues choses dues ont le potentiel d’être indifférentes à la vertu. Un monde vertueux, raisonnable et humain, est-il réaliste? Réaliste et réalisable? Oui et non. Oui si l’on est préparé à certains renoncements; non si cela n’est ni pensable et ni négociable. Il n’y a rien à changer. Si le Soleil n’est pas de cet avis, il n’a qu’à changer d’orbite. Les canards de la mare sont la métaphore stable et mobile des jardins d’Epicure. Une société du plaisir de patauger entre amis, sans trop réfléchir. Plus on est serré, plus c’est stable. Plus on est les uns sur les autres, plus la mobilité devient un problème inutile. Ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid, les perspectives du cœur sont encore et pour encore longtemps à l’ordre du jour.

Le Monde ne changera pas, il est ce qu’il est et le restera. Sauf si sous l’effet du changement climatique, les coin-coin se reproduisent sans compter à la chaleur du duvet. Voilà nos amoureux à ramer dans le bonheur sans mouvement et à philosopher sur l’immortalité des intelligences scientifiques. A la lueur de la bougie bio-systémique, certaines espèces vont disparaître, d’autres vont se reproduire, le curseur sur pléthorique. Chaud-chaud la planète. L’ignorance n’a pas froid aux yeux.

Pécub