Cisco (à droite) et son guide en pleine action.

/

Coureur non voyant genevois

Cisco Taboada vise Paris 2024

26 Jan 2022 | Articles de Une

Comment convaincre des gens aussi différents que le colonel Duchosal, le professeur Morel, l’ancienne élue d’extrême gauche Magali Orsini, l’ancien maire de Genève Michel Rossetti, des patrons de PME, des jeunes garçons et filles, Michel Pont et une ribambelle de sportifs, et pour couronner le tout, le grand maître de l’Académie du Cep Jacques Jeannerat… Comment convaincre, donc, tous ces gens de se réunir un lundi glacial de début janvier, en pleine bise et de nuit, au Stade du Bout-du-Monde? C’est simple: il fallait que l’appel vînt de l’association Francitius, qui soutient le sportif genevois non voyant Francisco Taboada.

L’objectif est clair et Cisco, comme le nomment ses amis, n’a eu aucune hésitation à le fixer: le quadragénaire veut participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024, courir sur 1500 mètres et rapporter une médaille d’or. Devenu aveugle par une succession d’accidents et d’erreurs médicales, Cisco Taboada a fait preuve d’un courage hors du commun; en quelques années, le sport a remplacé le piano, le physique d’athlète a été acquis à force de volonté, les performances sont arrivées. Le jeune Espagnol devenu genevois a vite rassemblé autour de lui des admirateurs devenus des amis. A la tête de l’association Francitius, on retrouve un nom connu: celui de Pierre Maudet. Ce lundi-là, l’ancien conseiller d’Etat ignorait encore que le lendemain serait le jour de sa victoire en appel contre un Ministère public n’ayant pourtant épargné aucun effort pour le faire condamner. Proche de Céline van Till, autre athlète genevoise handicapée suite à un accident, l’ex-magistrat a expliqué combien la quête de Cisco l’avait interpellé et combien sa force de caractère malgré les épreuves l’avait motivé.

Pierre Maudet rend hommage au courage de Cisco.

Guides et soutiens

Si Taboada est un champion reconnu, titulaire de plusieurs records, il le doit aussi à ses guides, eux-mêmes athlètes de haut niveau. Cisco a expliqué que le paralympisme connaissait des règles impitoyables: longueur et tension de la corde entre le coureur et son guide, lunettes opaques pour vérifier que le coureur soit bien aveugle (!), on n’est pas là dans un monde de bisounours. Ce lundi soir-là, Cisco a fait une démonstration devant les quelque 50 supporters réchauffés par l’amitié (et aussi par le vin chaud généreusement dispensé sous la houlette de Jacques Jeannerat). Une belle moyenne de 18 km/h sur 1000 mètres.
Le coureur suit un programme intensif d’entraînement, sous la direction de Jean-Pierre Egger, ancien mentor de Werner Günthör, avec ses sept guides qui se relaient et sont eux aussi devenus ses amis. Durant trois ans, pour financer la préparation et la compétition de 2024, l’association Francitius va recueillir des dons et recruter des membres; y adhérer (50 francs par an) est très facile sur francitius.org.

 

Vincent Naville

EXPLOREZ D’AUTRES ARTICLES :