Philippe Varone.

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Philippe Varone, président de Sion

La capitale suisse des Alpes

27 Oct 2021 | Articles de Une

– Après des années de patience, le nouveau quartier «Cour de Gare» est en train de sortir de terre. Quel sera son rôle pour la ville de Sion?
– Cour de Gare va faire le lien entre la ville du XXe siècle, au nord de la gare, et celle du XXIe siècle, située au sud des voies CFF. Ce futur quartier bénéficiera d’une position exceptionnelle en termes d’accessibilité. Nous le voulons très vivant, avec des logements, des bureaux, des commerces, des cafés et restaurants, un hôtel, ainsi qu’une vaste esplanade conviviale, qui permettra aux gens de se retrouver. Je rappelle qu’il s’agit d’un projet sous le pilotage du Comptoir immobilier, essentiellement porté par des privés qui investissent 200 millions de francs. La Ville de Sion, elle, compte y installer sa future salle de concerts et de congrès, d’une capacité de 600 places. Il s’agira d’une infrastructure de grande qualité, dédiée à la musique classique, dont le public sédunois et valaisan est très friand. Nous avons déjà de nombreux festivals et rendez-vous, en particulier le Sion Festival, et ce projet permettra de développer une véritable saison musicale. La salle, modulaire, accueillera également des congrès et des colloques, notamment en collaboration avec le Campus Energypolis, qui se trouve à quelques mètres de là, de l’autre côté des voies ferroviaires.

– Combinée à d’autres actions, la limitation de la vitesse à 30 km/h au centre-ville va être instaurée prochainement. Qu’attendez-vous de cette mesure? Est-ce la première étape d’une stratégie plus globale? Y a-t-il des réticences?
– L’introduction du 30 km/h est une mesure simple et efficace qui permet de réduire le bruit au centre-ville, de sécuriser les espaces publics en diminuant le risque d’accident, notamment pour les piétons et les vélos. Elle augmente la qualité de vie non seulement des habitants, mais aussi de tous les utilisateurs du centre urbain. Cette mesure s’inscrit dans la politique globale de mobilité de la Ville de Sion. A noter toutefois que le centre-ville doit rester accessible aux voitures, en particulier pour les gens qui viennent faire leurs achats ou qui vont chez le médecin. Par ailleurs, nous souhaitons inciter les automobilistes en transit à utiliser l’autoroute. Quant aux pendulaires, nous les encourageons à utiliser les parkings d’échange situés à l’est et à l’ouest de la ville, et à venir au centre-ville en transports publics, ou en utilisant les vélos en libre-service. Enfin, n’oublions pas que Sion est une ville qu’il est très facile de parcourir à pied. Nous avons développé une carte, le Métro Minuto, qui montre les itinéraires et les temps de parcours entre les différents points de la ville.
Le 30 km/h a été récemment présenté au public. La mesure me semble bien accueillie, voire attendue, même si elle suscite quelques craintes. Les gens vont devoir prendre de nouvelles habitudes. Nous savons que cela prend toujours un peu de temps. Mais nous l’avons vu lors de la création des zones piétonnes et des zones de rencontre: très rapidement, les gens s’approprient différemment l’espace public et ne veulent plus revenir en arrière.

– Avec le projet AcclimataSion, votre ville a acquis une bonne expérience en matière d’aménagements urbains adaptés aux changements climatiques. Quels sont les objectifs de cette démarche et les solutions mises en œuvre?
– AcclimataSion a d’abord été un projet pilote dans le cadre d’un programme de la Confédération. L’objectif était d’expérimenter les différents moyens de lutter contre les îlots de chaleur dans les villes. Nous avons ainsi développé une grande pratique, que nous avons voulu partager avec les professionnels et les propriétaires privés par le biais d’un «Guide des aménagements extérieurs» (fiches de recommandation). AcclimataSion fait désormais partie de notre quotidien pour la réalisation des aménagements sédunois. On peut résumer la démarche par cette formule: moins de gris, plus de vert et de bleu. C’est-à-dire moins de béton, plus d’eau et de verdure. Cela passe aussi par la valorisation des ressources indigènes, notamment le bois, le recours à des matériaux réutilisables et les circuits courts. «Atoll», l’aménagement provisoire réalisé cet été sur la place de la Planta, est exemplaire de ces bonnes pratiques qui amènent de la qualité de vie en ville, tout en favorisant la rencontre entre les générations.

Atoll, aménagement temporaire sur la place de la Planta.
Le Campus Energypolis.

– On a récemment entendu parler du lancement de la première navette autonome qui circulerait dans votre ville. De manière plus large, l’innovation et la recherche occupent une place centrale en Valais, concrétisées par le campus sédunois Energypolis et son Parc de l’innovation. Quelles sont les ambitions de ce parc et dans quelle logique de développement s’inscrit-il?
– Sion est la première ville au monde qui ait mis en circulation des navettes autonomes intégrées au trafic et non pas en site propre. Ces navettes ont circulé durant trois ans au centre-ville, puis ont été redéployées dans le quartier résidentiel d’Uvrier pour sonder les attentes du public en termes de desserte à la demande. C’est un projet pilote qui nous a permis d’acquérir beaucoup d’expérience dans la mobilité autonome, qui représente l’un des enjeux de demain.
Le Campus Energypolis a la particularité de réunir sur un même site la Haute Ecole d’ingénierie de la HES-SO Valais-Wallis et l’EPFL. Cela ouvre la voie à des collaborations entre recherche fondamentale et recherche appliquée, et évidemment, intéresse grandement les entreprises. Le Parc de l’innovation, qui a été lancé l’an dernier, se développe rapidement. Avec toutes ces infrastructures, Sion se positionne clairement dans les domaines de l’énergie, des géosciences et de la santé. Nous voulons être un territoire d’expérimentation et de recherche, avec des spécificités qui nous permettent d’offrir un très haut niveau de compétences. La formation, l’innovation et la recherche sont au cœur de notre intention stratégique: être la capitale suisse des Alpes et un moteur du développement régional.

– Justement, le Conseil municipal a lancé l’an dernier le slogan «Sion, Capitale suisse des Alpes». Qu’est-ce que cela représente en termes d’action politique?
– Ce n’est pas un slogan, mais une intention stratégique! Nous voulons renforcer l’attrait – économique, touristique, social – de notre territoire en misant sur la formation, la recherche et l’innovation. Sion est déjà le moteur économique, culturel et social du Valais central. Pour pérenniser cette position, il s’agit désormais de penser le développement en collaboration avec les communes environnantes, en réconciliant la plaine et la montagne. En tant que Capitale suisse des Alpes, nous voulons devenir une référence en matière de développement alpin et une ville qui fasse entendre sa voix, et celle de toute la région, au niveau national.

– Quels sont les autres projets que vous souhaitez réaliser durant votre mandat?
– Sion a déjà de nombreux projets en cours. Certains vont se concrétiser durant cette législature. Le quartier «Cour de Gare» sera inauguré en 2024. Je citerai également le futur quartier de Ronquoz 21, avec, je l’espère, des premières réalisations exemplaires. Je pense également à la liaison plaine-montagne, cette télécabine qui va relier la gare de Sion et le domaine touristique des 4 Vallées, ou encore la mise en service d’une grande partie de notre réseau de chauffage à distance. Mais ce qui est primordial à mes yeux, c’est de garder ce qui fait la force de Sion: notre vivre-ensemble. La qualité et la générosité des espaces publics y sont pour beaucoup. Nous devons prendre soin de nos quartiers, en développant des maisons de quartier, des parcs publics ombragés, des espaces de vie agréables et dans lesquels on puisse se déplacer en toute sécurité. Les Sédunoises et Sédunois aiment leur ville et ont de grandes attentes pour un développement doux, responsable et durable. C’est ce à quoi nous travaillons!

 

Propos recueillis par
Véronique Stein

La Fête des maires, c’est toute l’année!

 

Nous poursuivons notre tour de Romandie en nous rendant à Sion, capitale du Valais, ville la plus peuplée du canton, située entre plaine et montagne. Connue pour ses fortifications qui culminent au sommet de deux collines, Sion s’illustre par son dynamisme culturel et économique. Interview de Philippe Varone qui préside la Ville de Sion depuis le 1er janvier 2017. Réélu tacitement à ce poste, il entame donc un second mandat. Pour ce commerçant vigneron, détenteur d’un Master en Sciences économiques, le vivre-ensemble est un maître-mot.

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