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Philippe Bouvard

A 91 ans, pas question de poser la plume !

22 Sep 2021 | Articles de Une

Philippe Bouvard, journaliste, écrivain, patron de presse, producteur et animateur de radio et de télévision, est en train de terminer son 68e livre, intitulé «On s’en souviendra», qui paraîtra dans un mois aux Editions de l’Archipel. A 91 ans, l’inventeur des «Grosses Têtes» sur RTL et découvreur, avec son «Petit théâtre de Bouvard», de tout une génération de comiques (de Mimie Mathy* à Muriel Robin, en passant par Chevalier et Laspalès), continue à enregister des émissions de radio et à écrire, notamment pour «L’Information Immobilière» du groupe SPG-Rytz.

– Philippe Bouvard, vous avez célébré votre 91e anniversaire en décembre dernier. L’esprit toujours aussi vif, la plume toujours aussi alerte, vous continuez à travailler, signant des chroniques, animant des émissions de radio, écrivant votre 68e livre… N’avez-vous jamais songé à cette retraite que le président Macron se donne tant de peine à réformer?
– J’ai souvent pensé à la retraite. Mais uniquement pour la différer.

– Quel est le plus beau souvenir, ou le plus bel enseignement, de vos décennies d’activités médiatiques?
– C’est ma réconciliation avec Brigitte Bardot, que j’avais poursuivie pendant un demi-siècle de mes sarcasmes sans autre justification que d’associer mon nom à une personne beaucoup plus talentueuse que moi.

– Serait-il possible, aujourd’hui, de mener une telle carrière?
– Absolument pas. D’abord, parce qu’on a cessé d’aider les jeunes dans leur ascension professionnelle. Ensuite parce que l’absence de diplômes vous cantonne à vie dans les emplois subalternes. Enfin parce que dans les journaux, il existe aujourd’hui une frontière infranchissable entre l’administration et la rédaction. Or, engagé comme garçon de courses au «Figaro» en 1952, je ne me situais au départ que dans la première catégorie.

– La langue française, la culture générale, le style, vos armes décisives, seraient-elles toujours des atouts pour un jeune journaliste qui débuterait de nos jours?
– Je n’en suis pas certain. Ne serait-ce que parce que la culture a fondamentalement changé, puisqu’elle est moins dispensée dans les Universités que par Internet. Mais je souhaite qu’il reste néanmoins une petite place dans notre société pour les autodidactes.

– Sur quoi porte votre prochain livre, à paraître en octobre?
– Il s’agit d’abord du 68e; ensuite, de notes prises quotidiennement pendant vingt mois sur les événements pandémiques que nous avons vécus. Une fresque à la fois historique, médicale, sociale et politique.

– Vous connaissez bien la Suisse et tout particulièrement Genève. Que représentent ce pays et cette ville pour vous?
– J’aime beaucoup Genève où j’ai vécu à titre professionnel une dizaine de conférences internationales et à titre privé, parallèlement, quelques belles rencontres. J’apprécie particulièrement les bords du lac. Je déplore toutefois que «Le Café de Paris», le fameux restaurant proche de la gare de Cornavin, ait disparu avec la spécialité qui, durant mes séjours, m’y faisait déjeuner tous les jours.

– L’une de vos collaborations actuelles, datant de plus de vingt ans, est «L’Information Immobilière», publiée par le groupe SPG-Rytz. Quelle est votre vision de l’immobilier?
– C’est la profession que j’aurais aimé exercer si je n’avais pas été journaliste. Car elle mélange le commerce, l’architecture, la décoration et la psychologie.

 

PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY OPPIKOFER

 

(*) Dans l’émission de France 3 «Les années Bouvard», diffusée en 2019, Philippe Bouvard raconte qu’en 1982, le directeur de la chaîne sur laquelle passait chaque soir son «Théâtre» l’avait appelé après la première apparition de Mimie Mathy pour lui demander de «virer la naine, car on n’est pas à la Foire du trône sur le service public». «J’ai évidemment refusé, et Mimie est aujourd’hui l’actrice la plus aimée des Français. Quant au directeur de chaîne, tout le monde a oublié son nom», sourit-il.

GROS PLAN

Projets

 

Philippe Bouvard confie: «Il n’est pas impossible que j’entreprenne après «On s’en souviendra» un 69e bouquin intitulé «La retraite n’est une fuite que quand elle prend fin», pour conter la vie quotidienne et les réflexions d’un nonagénaire qui ne se décide pas à dételer, mais dont le destrier n’est plus qu’une Rossinante».

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