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Philosophie immobilière

Colocataires biodiversifiés

8 Déc 2021 | Culture, histoire, philosophie

Il y a les locataires qui payent un loyer, et il y a les autres bien plus nombreux, qui habitent et ne sont ni débiteurs ni scrupuleux. Les puces de lit, les acariens, les fourmis, les moustiques, les blattes ou autres cancrelats, ils ne savent pas ce que sont les rappels, les commandements de payer ou les avis d’expulsion. Pour faire un tour d’horizon des biodiversités en copropriété sans souci de fin de mois, il y a les mites, qui minent cotons et tapis, les papillons de nuit qui font augmenter les factures d’électricité, les araignées qui défient aspirateurs, balais et pattes à poussière, les cirons et compagnie, insectes xylophages tunneliers à meubles, démolisseurs de charpentes, poutres et planchers, les martinets et les hirondelles qui cimentent leurs nids et ne régulent pas leurs fientes, les pigeons qui sont chez eux, les lézards, les cafards, les chauves-souris, les vers de terre et de farine, les souris et les rats. Pour le droit du bail, l’état de droit, ils ne pratiquent pas. La nature n’a pas créé le tribunal des baux, ni le Code des obligations, ni les citations à comparaître. La légionellose, virus, champignons, bactéries, plomberie, tuyaux à eau chaude, boilers et robinets, poignées de porte et infections: l’alcool ne suffit pas, la désinfection, épreuve passagère, on y survivra; rien ne saurait leur faire quitter les lieux. Ni chaud ni froid, les propriétaires de l’habitat ne sont pas ceux qui croient faire la loi. Le virus sans fin sait comment planter son clou. La bactérie à maladies, peste et choléra, parasite les profits attendus des gérants et des régies. Mérule pleureuse, se fait la vie heureuse, se chauffe de tout bois et vit feutrée dans son chez-soi. Les humains, simples pékins, doivent, pour leur survie, très vite apprendre le vivre-avec.

 

Pécub