A la Galerie Patrick Gutknecht

La galerie genevoise Patrick Gutknecht présente jusqu’au 23 décembre l’exposition «Lumières», qui regroupe des luminaires et meubles éclairants des années 20 aux années 70. Des pièces qui révèlent l’intérêt et la créativité des designers pour la lumière.

Appliques, lampes de bureau, lampadaires, meubles éclairants… Plusieurs dizaines de pièces, dont certaines très étonnantes, sont exposées à la galerie genevoise Patrick Gutknecht, illustrant l’histoire des luminaires, de l’après-Première Guerre mondiale jusqu’aux années 70.
Fondée il y a vingt ans à Genève, la galerie se dédie à la redécouverte des meubles, luminaires ou objets créés par les grands décorateurs du XXe siècle, ainsi qu’à la photographie et aux cannes de collection, du XVIe siècle aux années 1930. «J’aime varier le style des expositions, explique Patrick Gutknecht. Une fois la monographie d’un photographe ou d’un créateur de meubles, une autre fois un thème, par exemple les miroirs ou les sièges. Je décide en fonction de la richesse du sujet et de ce qui me plaît. Ainsi, je m’intéresse aux années qui suivent la fin de la Première Guerre mondiale, marquées par une fantastique envie de modernité».
Les créateurs veulent alors inventer un nouveau style qui soit davantage en adéquation avec les attentes et les besoins de la vie moderne. Ils visent à rompre avec les excès de l’Art nouveau et la notion d’ornement. «Les créateurs se sont beaucoup passionnés pour les luminaires durant la période des années 20 à 30, souligne Patrick Gutknecht. Ils étaient très intéressés par la lumière».

Des formes multiples…

…et originales.

Effets de lumière uniques

Les luminaires sont alors très présents, dans le style Art Déco. Leur design rappelle celui des lampadaires, mais la lumière est indirecte, renvoyée vers le haut, et elle contribue à créer une ambiance. Les matériaux privilégiés sont le métal chromé ou nickelé et le verre. «La lumière diffusée n’était pas blanche comme aujourd’hui, car le verre à l’époque était très épais, ce qui procurait une lumière plutôt vert clair ou jaune. Cette couleur était liée au plomb contenu dans les verres en raison des techniques de fabrication de l’époque. Avec la lumière, ces verres créaient des effets que l’on ne peut plus obtenir aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que tout le monde n’aimait pas l’Art Déco. Celui-ci s’adressait à une petite tranche de la population qui appréciait le froid du métal et du verre».
L’exposition présente également des luminaires des années 40, qui se caractérisent notamment par des formes baroques et des dorures, ainsi que des pièces des années 50 au design plus épuré. «L’après-Deuxième Guerre mondiale est marqué par un redimensionnement des logements. Les grands appartements, et donc les grands meubles, tendent à disparaître, explique Patrick Gutknecht. Par exemple, les lampadaires d’autrefois à la taille imposante ne sont plus d’actualité, souvent remplacés par des lampes de table».

La rareté des années 60 et 70

Les années 60 et 70, quant à elles, se caractérisent par des couleurs de brun chocolat, de vert pomme et d’orange que l’on retrouve également dans les luminaires, et par des matériaux tels que la résine fractale, utilisée notamment pour des pieds de lampe. «De manière générale, les pièces de cette époque sont assez rares. Les productions étaient assez petites et les matériaux utilisés peu luxueux, ce qui fait que les lampes ont été jetées».
L’exposition comprend aussi quelques meubles éclairants des années 60, qui se présentent comme des tables basses en plexiglas équipées d’un élément lumineux. Des objets aujourd’hui très rares.

Léa Tremblay