Artiste vivant et volontiers risque-tout, Jérôme Rudin, une sorte d’éternel vagabond.

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Artiste inclassable

Les métamorphoses de Jérôme Rudin

24 Nov 2021 | Culture, histoire, philosophie

L’artiste lausannois signe un retour en force avec sa nouvelle exposition qui sera inaugurée dimanche 28 novembre à Morges, dans la demeure mythique qui fut celle d’Igor Stravinsky. Des peintures sur faïence qui jouent avec les couleurs, les matières, les reflets, les formes.

L’écrivain français Roger Peyrefitte l’avait surnommé affectueusement «le Mozart de la peinture». A 17 ans, il venait d’exposer pour la première fois dans une galerie lausannoise, la galerie Catherine Clerc, et il triomphait à Paris où son talent avait ébloui et charmé. Jérôme Rudin, depuis, n’a cessé de créer et de se réinventer. Des séquences de toute sorte, des intuitions, des fulgurances, des impasses qui lui ont permis de rebondir, un besoin de tout remettre à plat en permanence et de ne jamais s’arrêter. L’imagination à fleur de peau, la flamme et la sincérité de l’artiste, le flux de la vie qui brasse les cartes et recompose sans cesse émotions et pulsions… Comment serait-il possible de contrôler et d’encadrer la vie? Comment serait-il possible de faire passer l’art par des chemins convenus?
Jérôme Rudin, en tout cas, ne cesse de disparaître pour mieux réapparaître. Il est passé par ici, il ne repassera pas par là! Il est passé par ici et le voilà qui se pointe là où personne ne l’attendait, au milieu de nulle part! A 47 ans, il inaugure dimanche prochain, le 28 novembre, une exposition qui illustre ses métamorphoses et ses audaces. Des œuvres très variées et, pour certaines, radicalement nouvelles qui trouveront place dans la Maison d’Igor, à Morges, où vécut Stravinsky de 1915 à 1917.

Peinture sur faïence

Jérôme Rudin poursuit ainsi ses infinies déclinaisons sur le thème des vases chinois, qui ne cessent de prendre chez lui de nouvelles formes et de nouvelles lumières au fil de ses œuvres, ainsi que sur le thème des chalets de montagne, lui qui a vécu pendant plusieurs années à Chamoson, dans le canton du Valais. Mais il explore aussi un univers totalement neuf, la peinture sur faïence. Une exploration qu’il est le premier à tenter! Une espèce de nouvelle frontière qu’il défriche sans peur et sans reproche, avec cette justesse de l’artiste qui ressent l’urgence de la nécessité. Vingt-sept œuvres en tout, vibrantes de sensibilité et de force pas toujours tranquille et souvent provocatrice, interpellante!
«La toile, c’est un support tendre et caressant, explique-t-il, mais la faïence provoque des sensations complètement différentes. C’est très brut, c’est lisse, dur. L’impression est beaucoup plus rude. La faïence, c’est comme le marbre, un autre rapport à la matière, sur laquelle les couleurs résonnent différemment».

Des peintures qui jouent aves les couleurs, les matières, les reflets, les formes.

Lausanne-Chamoson et retour!

Artiste vivant et volontiers risque-tout, Jérôme Rudin ne serait-il pas aussi, peut-être pour préserver sa puissance créatrice, une sorte d’éternel vagabond? Il est né et a vécu son enfance à Lausanne, avant de passer beaucoup de temps à Paris, d’une expo à l’autre, d’une passion à l’autre. Il a installé son atelier à Morat/FR, pendant des années, avant de mettre le cap sur le Valais, il y a près de vingt ans, où tout le monde l’adorait et l’adore toujours. Des années à Chamoson, ce paradis du vignoble et de l’art de vivre! Des amitiés fortes et instinctives avec les Valaisans, à commencer par l’incontournable Christian Constantin. Pourquoi a-t-il quitté le Vieux-Pays, il y a presque dix ans? La nostalgie du canton de Vaud? Le besoin de changement? Les mystères de l’inspiration? Après six ans à Conthey, il vit depuis trois ans à Pully, à côté de Lausanne. Mais on a l’impression qu’il pense de plus en plus à retourner dans son Valais de cœur.

 

Robert Habel

Exposition Jérôme Rudin,
La Maison d’Igor,
2, rue Saint-Domingue – 1110 Morges
Tél 021 803 06 06
Vernissage dimanche 28 novembre
de 15 heures à 18 heures.