La passion prétendument justicière a remplacé le sens de la justice, et Claude-Inga Barbey (photo) en a fait les frais.

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Affaire Claude-Inga Barbey

Je ne décolère pas

12 Jan 2022 | Culture, histoire, philosophie

L’affaire de Claude-Inga Barbey ne cesse d’alimenter ma colère. Notre monde, qui a les lèvres vitrifiées de cette immense niaiserie qu’est le «vivre-ensemble», qui prône l’ouverture mais n’en a pas un échantillon, est plongé dans le grand combat contre ce qui est à ses yeux inadmissible; et il n’y a plus de place pour ce qui est ambigu, ambivalent ou simplement perplexe. Tout doit être noir ou blanc.
Sous couleur de déconstruire les stéréotypes de genre, d’ethnie, de WC, de fêtes chrétiennes ou de jeux d’enfant, on promeut un puritanisme qui réprime violemment ce qui n’est pas dans la ligne du temps: la censure postmoderne a des raisons que la morale traditionnelle ignore et quoi qu’on lise, entende ou dise, on affiche obsessionnellement le dessein de vaincre l’exclusion, de célébrer l’immigration et l’hospitalité, d’effacer les frontières, de faire la leçon à tout le monde. J’en ai assez de voir tout créateur artistique se transformer en prédicateur, et ne supporte plus ces lieux de «démocratisation» inclusifs que sont devenues les salles de spectacle! La passion prétendument justicière a remplacé le sens de la justice, et Claude-Inga en a fait les frais. Voici venu le temps des simplificateurs, qui taillent à coup de serpe dans le maquis du réel!

 

Jean Romain
Député, ancien président
du Grand Conseil genevois.