Réflexion de Noël

Parmi les milliers de saints du calendrier catholique figurent ceux qu’on appelle les saints patrons. Ils et elles patronnent – comme des sentinelles protectrices – des personnes, des professions, des lieux, des activités. Le monde de l’immobilier rassemble plusieurs professions: architecte, agent immobilier, ouvrier du bâtiment, peintre, maçon, ingénieur, ferblantier-couvreur, etc. Se détachent trois saints dans ce monde si divers: Joseph, l’époux de Marie; Eloi, l’évêque charitable, et l’apôtre Thomas. Revue de détail.

Pourquoi saint Thomas, l’apôtre qui voulut voir de ses yeux humains Jésus ressuscité, est-il le patron des architectes? Serait-ce parce que les architectes veulent voir pour croire? Que nenni! Le choix de Thomas, fêté le 3 juillet, comme saint patron vient d’une légende. Plus précisément du livre «La légende dorée», œuvre médiévale de Jacques de Voragine, qui raconte: «Thomas se rendit chez le roi des Indes, où il réalisa les plans d’un palais merveilleux. Il fut payé d’une fortune en or. Puis le roi dû s’absenter pendant deux ans. Durant son absence, Thomas distribua tout son or aux pauvres et, par sa prédication, convertit une foule de gens. Quand le roi revint et qu’il apprit ce qu’avait fait Thomas, il le mit en prison en attendant de l’écorcher et de le brûler». La fin de l’histoire est la suivante: «Le roi des Indes se rendit compte de son erreur: le palais somptueux construit par saint Thomas se trouvait aux cieux. Il se jeta aux pieds de Thomas et lui demanda pardon. Thomas intervint: «Ils sont nombreux dans le ciel les châteaux bâtis pour les saints, mais on les achète avec des prières, des aumônes et de la foi».
Thomas est donc devenu le saint patron des architectes. Il est aussi le patron des maçons et il est parfois représenté avec une équerre dans sa main. Les architectes bénéficient aussi du patronage de saint Benoît de Nursie, moine du XIe siècle qui a fondé l’ordre bénédictin à travers la construction de nombreux monastères dans toute l’Europe. Saint Benoît, fêté le 11 juillet, est aussi considéré comme patron des entrepreneurs.

Saint patron des orfèvres, Saint Eloi fut évêque de Noyon et conseiller de Dagobert 1er.

Le grand saint Eloi

Eloi, si connu grâce à la comptine «Le bon roi Dagobert», vécut de 588 à 660. Saint patron des orfèvres – le métier qu’il pratiqua – évêque de Noyon et conseiller de Dagobert 1er, il fut scrupuleusement honnête et royalement charitable. Fêté le 1er décembre, il est le patron des professions qui se servent d’un marteau et d’autres outils de l’orfèvre. Cet outil est son attribut, c’est-à-dire l’objet qui permet de le reconnaître dans son iconographie. Eloi est ainsi devenu le saint patron des plombiers, des serruriers, des paveurs, des carreleurs, des ferblantiers-couvreurs. Signalons aussi que les électriciens, qui permettent notamment à la lumière d’éclairer les maisons, ont une sainte protectrice, en la personne de Lucie de Syracuse, qui vécut vers 300, et dont le nom évoque la lumière. Elle est fêtée le 13 décembre.

Joseph, le patron des travailleurs

On connaît peu de choses sur Joseph et aucune parole de cet homme que la Bible qualifie de juste. Les évangiles évoquent seulement à trois reprises ce père nourricier et putatif de Jésus, époux de Marie qu’il ne répudia pas malgré les mœurs du temps et qui retrouva son fils de douze ans enseignant dans la synagogue. On sait que Joseph était charpentier de son état et il est donc considéré depuis des siècles comme patron des charpentiers. Il est fêté principalement le 19 mars. Joseph est aussi fêté le 1er mai, journée internationale du travail, au titre d’artisan et de travailleur manuel, fête instituée en 1955. Le charpentier de Nazareth travailla en effet pour subvenir aux besoins de Marie et de Jésus, qu’il initia aux travaux des hommes. Il est aussi considéré comme le saint patron des agents immobiliers. Il est en effet réputé depuis le Moyen Âge pour aider à la vente d’une maison. La raison provient probablement du fait qu’il trouva l’étable de Bethléem pour abriter la naissance de Jésus, alors que toutes les maisons étaient fermées à la sainte famille. C’est ainsi que lors de la crise immobilière de 2007 aux États-Unis, de nombreux propriétaires désespérés imploraient l’aide de saint Joseph, en enterrant une statuette du saint dans leur jardin.

Laurent Passer